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Dès la scène d'intro, le ton est donné quant à la qualité de ce troisième épisode, longtemps épilogue de la saga Indy. Cette entame est superbe, apportant énormément à la mythologie du personnage, en revenant sur son enfance et l'après-midi qui déclencha sa vocation d'aventurier. Déjà calé en histoire et en trésor à 16 ans, cette première chasse au trésor improvisé va confronter Henry Jones Junior, puisque tel est son véritable nom, à celui qui sera, en quelque sorte, son modèle, son inspiration (à tel point qu'en parodiant l'entame du premier épisode filmant le héros de dos, on croit reconnaitre Indy sous ce chapeau et ce cuir). Le jeune scout en fera ainsi baver à toute une bande de pilleurs de tombes durant une course poursuite drôle et originale à bord d'un train affrété par un cirque. Il y récupérera d'un coup presque tous ses attributs inséparables, un fouet de dresseur de lion, sa phobie des serpents au fin fond d'une fosse, et son emblématique Fedora, lot de consolation offert par son vainqueur du jour compatissant.

Il en héritera aussi une rancune tenace, puisque durant la scène suivante, amenée par un superbe plan de transition, 25 ans plus tard, il finira par remettre la main sur la fameuse croix qu'il avait dû laisser s'enfuir entre les mains d'un collectionneur quand il était encore enfant. L'explosion du cargo est un peu facile et l'intrigue est bouclée en 15 minutes, mais cela ne l'empêche pas d'être forte enrichissante et agréable.

Ce genre de scène revenant sur les origines d'un personnage n'aurait pas eu autant d'impact dans le premier film, mais là, au stade de la conclusion de la trilogie, cette mise en abime hausse d'entrée de jeu le niveau de jeu par rapport aux deux autres films.

Autre atout de « la Dernière Croisade » par rapport au « Temple Maudit », il prend la peine de construire une intrigue laissant la part belle à un background (la recherche du Graal est le fruit d'une vie de d'études), une enquête (le père d'Indiana, expert en littérature médiévale, est porté disparu sur la piste de cette relique sacrée). Certes le scénario n'est pas l'aspect le plus impressionnant de ce film, mais il bifurque régulièrement vers un nouveau rebondissement ou un nouveau chapitre (changement de paysages, de rythme...) et jamais la lenteur du « Temple Maudit » ne s'installe.

De plus, le souffle de la passion jaillit de ce film, entre le jeune Indy qui a couru toute sa vie après la croix de Coronado, et son père, qui durant la même époque, et peut être depuis plus longtemps encore, a lui cherché le Saint Graal. On sent que l'on a affaire à une grande aventure, pas une histoire de village indien tombée du ciel... Et le nouveau thème musical propre à ce film, composé selon une thématique divine quand les yeux de Sean Connery ou d'Harrisson Ford s'illuminent à l'évocation de cet artefact Chrétien, renforce cette sensation de chasse au trésor plus épique, plus majestueuse, plus grande que les autres.

C'en devient même à se demander si Indiana Jones II est bien un Indiana Jones, tant ce troisième film s'éloigne de son prédécesseur pour apparaitre comme un fils spirituel du premier, en mieux. Au lieu de rester coincé pendant 1H45 en Inde, le spectateur suit un héros globetrotteur à travers le désert américain, Venise, ville photogénique par excellence, l'Autriche, l'Allemagne et les montagnes turques.

Les pièges s'y font un peu plus rares, bien qu'ils fassent un retour en force lors du final, pour apporter une touche d'énigmes. Et vu de 2012, quand Indiana déchiffre une énigme en feuilletant les annotations et les schémas marqués sur le carnet de son père, la filiation avec la série des jeux vidéo Uncharted saute plus que jamais aux yeux.

L'ajout de ce personnage, d'abords disparu, puis retrouvé et présent durant la seconde heure, d'Henry Jones, est sans aucun doute la meilleure idée du film. Si par le passé, Indiana Jones a eu de fameux compères à ces côtés durant ses aventures, ce père érudit, sage et sévère, mais empoté et un peu lunaire apporte un nouvel éclairage et une profondeur supplémentaire au personnage principal. Surtout joué par Sean Connery, l'un des monstres sacré du cinéma, qui a su, comme peu l'ont fait, renouveler et poursuivre sa carrière au fil des décennies. Si Harrisson Ford est indétrônable dans la peau d'Indiana Jones, l'aura de Sean Connery menace l'hégémonie du rôle-titre comme jamais durant la saga, le démultiplie. L'association des deux professeurs Jones, le rat de bibliothèque et le baroudeur absolu, poursuivis par toute l'armée Allemande d'avant-guerre, satellise la licence à des niveaux inégalés.

Ce duo déjà formidable sera qui plus est encore magnifié durant la dernière ligne droite du film, en Turquie, quand ils forment leur quatuor avec l'ami de toujours conservateur de musée et l'indic' expert du Moyen Orient interprété par John Rhys-Davies, inoubliable professeur Arturo dans la série des 90' Slider. Oui, ces quatre-là affrontant un convoi Nazi sur la route du temple oublié forment la dreamteam d'Indiana Jones !

Et puis en face, il y a des vrais méchants, des Nazis ! Ah oui, c'est quand même plus drôle de voir Indy castagner et faire des misères à ses gars-là qu'à une bande d'Hindoux tarés, aussi costauds soit-ils. Et le héros ne s'en prive pas, entre les bastons, fusillades, courses poursuites en hors-bord, moto, voiture, dirigeable, biplan, cheval, char et autres véhicules plus formidables les uns que les autres. Seule la fille est en dessous du reste du casting, en soit disant experte d'archéologie autrichienne infoutue de résoudre la moindre énigme, et manquant totalement de recul ou de réflexion. Je ne sais même pas si, vers la fin du film, elle guide volontairement le grand méchant vers le mauvais choix de calice afin de l'entrainer vers la mort dans le cadre d'un renversement d'alliance, ou si cette cruche s'est vraiment trompée en pensant qu'elle était capable de choisir toute seule le Saint Graal... Non, ce personnage de sainte-nitouche manque de sel comparativement à ses consœurs (oui, Willie est casse bonbon, mais elle était payé pour ça, et elle accomplie sa mission avec brio).

Enfin, dans cette petite guerre avant la grande, la vraie, s'intercale un troisième groupe, les non-alignés de la confrérie Turque chargée de conserver le secret du Saint Graal. Avec leur teints basanés, leur fines moustaches, leur costards et leur bonnet turques, ils semblent former des méchants parfaits en début de film, coursant Indy dans les souterrain de la bibliothèque et sur les canaux de Venise, mais se révèlent finalement honnêtes, hommes de paroles, et alliés de circonstances quand ils se sacrifient courageusement en tendant une embuscade à l'impressionnant contingent allemand. Leur présence apporte de l'incertitude à l'intrigue, de la complexité et de la densité aux relations entre les personnages, apporte une couche de richesse supplémentaire au film.

L'action est merveilleusement marié à l'humour, et le film enchaine les séquences cultes, quand Indy refait les joutes de chevaliers en détournant un porte-drapeau sur sa moto, quand il dégage l'officier Nazi du Zeppelin à coup de bourre-pif (« pas de billet ! »), quand les deux Jones se décroche du dirigeable pour poursuivre leur route vers la liberté à bord d'un (pseudo) Bucker biplan, poursuivis par des (pseudo) Messerschmitt, quand Henry Jones descend lui-même son propre avion en tirant sur la dérive, pour se retourner penaud vers son fils et mentir éhontement (« ils nous ont eu fils ! »), quand il se rettrappe quelques instants plus tard en abattant un Messerchmitt avec.... Son parapluie ! Quand Indy se prend pour un cowboy et part à l'assaut d'un char lourd à dos de cheval, le plus gros morceau de ce film. De l'or en barre pendant un bon quart d'heure, entre la course poursuite entre la noble bête et la machine infernale, la fusillade (une balle pour trois allemands, il vise trop bien Indy !) puis la castagne sur le châssis du char, entrainant la sempiternelle mort cruelle labellisée Indiana Jones quand un pauvre Allemand passe sous les chenilles du mastodonte, puis la rébellion des deux prisonniers à bords, qui font tout péter autour d'eux sans trop le vouloir, et enfin cet immense char qui tombe dans un ravin pour ne laisser que les quatre gentils en vie, au prix d'un carnage pour les infâmes méchants... Que du bonheur !

Et enfin, il y a le final, ses énigmes, la tension reposant sur les épaules du héros, qui doit trouver le Saint Graal pour sauver son père de ses blessures, les disques de métal qui tranchent les têtes comme du beurre mou, la rencontre avec le chevalier canonique, gardien du Graal depuis sept siècles, prêt à passer le flambeau à son successeur, dans l'émotion. Et rarement le poncif du trésor inestimable perdu à jamais n'avait été aussi bien exposé, quand le temple s'écroule, le sol se fissure (encore la faute de cette cruche d'Elsa !), le Graal disparait dans les entrailles de la terre et les survivants s'échappent sous le salut bienveillant du vieux chevalier, soulagé de voir sa mission enfin prendre fin.

Quand les quatre héros enfourchent leurs chevaux pour disparaitre dans l'horizon, devant un couché de soleil désertique, après un ultime gag mythique (Indiana s'avère être un surnom emprunté... à l'ancien chien de la famille Jones !) et que le thème musical de la série retenti, on est heureux, on se dit que c'est une superbe saga qui vient de se clore en apothéose, dans ce qui est un des sommets du grand film populaire made in the 80'.

Reste maintenant à savoir ce que vaut vraiment le tant décrié « Indiana Jones et le crane de cristal », que je m'apprête à découvrir pour la première fois après avoir contentieusement révisé mes classiques... La suite, au prochain numéro !

Les plus:
_Sean Connery, ajout indispensable à la recette Indiana Jones
_Le retour des vrais méchants de la saga
_Indy sur un cheval dans le désert, grave classe !
_"Ils nous ont eut, fils !"
_La scène du char dans son ensemble
_On voit du pays
_La constitution de la dream team finale
_Le face à face avec le dernier croisé, magnifique.
_Encore un thème musical réussit pour John Williams.
_Des gags, de l'aventure, des énigmes et de la castagne !

Les moins:
_Elsa est une cruche.
_Les effets spéciaux semblent parfois avoir plus vieillis que sur les deux premiers épisodes.
_Moins de minutie dans la reconstitution (c'est quoi ces avions là ????)
Dauntless
10
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le 9 févr. 2012

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Dauntless

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