La série Minuscule a obtenu bonne presse lors de sa diffusion à la télévision, alors même sans bien connaitre cette dernière, c'est avec bonne volonté que je me suis rendu à une projection d'un long métrage dérivé de ces épisodes en formats très courts. Je partais tout de même avec un doute, et ça n'a pas manqué, celui ci était justifié.

En effet, la série est louée pour son humour basée sur le non sens, elle se passe de tout dialogue audible, que ce soit émanant de la bouche des insectes mis en scènes ou même de la part d'un narrateur, abandonnant ses protagonistes à des borborygmes entomologiques décalés. Les insectes volants bourdonnent aux milieu des fleurs et des broussailles en faisant des bruits de voitures et discutent à coup de Bzzz bzzz enfantins, purs et innocents. Les personnages discutent entre eux donc, ce qui permet de bâtir une histoire, des relations et de ramener sur terre un concept qui aurait put s'avérer complètement abstrait sous forme muette, mais il faut cependant aborder cette histoire de fourmis en rouge et noir comme un film... étranger, voilà, imaginez un film coréen sous titré en roumain, et vous pourrez aborder Minuscule avec l'outil nécessaire: l'instinct de l'universel. Les fourmis tapotent de leurs antennes leur copine coccinelle pour la remercier, celle ci joue de la trompette pour se faire comprendre, c'est mignon mais comme les moustiques un jour d'orage, ça ne vole pas haut, et les gimmicks sonores répétés ne comblent pas, passée la découverte, les longueurs de cette aventure de 90 minutes.

L'histoire est simple mais évidente, elle raconte la guerre (sans victime, difficile de concilier représentation de la loi de la nature et jeune public) ancestrale et inévitable que se livrent deux colonies de fourmis, les noires et les rouges (alias les méchantes), pour la possession des ressources naturelles, ou en l'occurrence de ressources extraordinaires, une boite en fer remplie de carrés de sucres abandonnée par des piques niqueurs pressés. Encore marqué par le souvenirs de vieilles parties de Sim Ant pratiquées il y a fort longtemps, j'étais séduit à l'idée de voir deux colonies s'en mettre plein la tronche façon Seigneur des Anneaux pour découvrir qui mettrait la main sur la précieuse poudre blanche. Mais une fois de plus, le syndrome bande annonce sévit: On nous montre en 2 minutes des armes de sièges concoctées à coup de cosses de marrons, de boite de cures dent ou de fusée de feux d'artifice, et finalement, le film ne réserve pas d'autres surprises que ces quelques inventions facile, alors que l'univers créatif et étonnant des insectes permettait imagination et surprise pour rythmer et illustrer ce combat. Même l'idée du sucre, poudre blanche qui fait sauter au plafond les fourmis qui en goutent au point de provoquer une guerre, n'est pas exploitée au delà de deux gags, alors que la réserve ramenée par l'expédition aurait pu faire office de potion magique démultipliant les forces de ces minuscules bestioles.

On peux féliciter Minuscule pour son approche différente du film d'animation, que ce soit du point de vue technique, mêlant prise de vue réelle d'une réserve naturelle alpine et animation 3D (très simple) des protagonistes, pour son procédé narratif pas évident, ou pour son approche légère, calme et sobre d'un récit, à côté de l'avalanche de gags éculés et de jeux de mots faciles des tonnes de productions standard de l'animation 3D, mais quand même, la créativité et l'humour de Minuscule sont étonnamment léger et fades pour une histoire centrée autour d'une histoire de sucre ! Résultat, Minuscule pourrait être qualifiée de comédie allégée sans sucres ajoutés ! Quand je pense à la folie inventive de Futurama sur le matériaux de ses robots par exemple, source inépuisable de gags novateurs et étonnants, je me dit qu'une histoire à base d'insectes aurait du être plus surprenante et ne pas se reposer sur son seul concept technique. En l'état, Minuscule ne pourra faire rire un autre public que les moins de 10 ans, se contentant de faire sourire les adultes pour son concept bon enfant.

Et malgré les papiers évoquant les techniques d'animations de hordes de personnages simultanément présent à l'écran, Minuscule est vide. 10 fourmis noires, autant de rouges, 5 coccinelles et 4 mouches, voilà ce que vous verrez dans la plupart des plans. Papillons, libellules, escargots, araignées se font très rares, criquets et sauterelles sont absents, comme toute une diversité animalière qui aurait elle aussi contribué à enrichir et densifier le film. Minuscule n'est pas moche grâce à ses décors naturels et une touche artistique mignonne, mais le design des personnages ne casse pas milles pattes à un canard.

Enfin, pour un film destiné en bonne partie au plus jeunes, le message induit risque d'être contreproductif: Les insectes se régalent avec du sucre, des chips, des bretzel et autres cochonneries abandonnées dans la nature par l'homme, ils aménagent leurs ruches et habitat avec des objets de récupération, et la grande bataille se joue à coups de pétards, de fourchettes et même d'une bombe insecticide, donc en filigramme, amis spectateurs, jetez vos déchets dans une réserve naturelle, vous aiderez les insectes à survivre et vous améliorerez leur quotidien ! Les scénaristes ont une araignée au plafond pour laisser ce message intact dans leur œuvre finalisée ! N'importe quel Pixar va enfouir un message écolo accessible au milieu de ses gags, et Minuscule, qui ressemble à un film d'animation 3D fait avec des brindilles et des bouts de ficelles de chanvres, va montrer une nature épanouie de servir de dépotoir à l'Homme ?

Les plus:
Narration osée
Paysages estivaux de toute beauté
Look simple mais mignon
Innocent
Concept original

Les moins:
Manque de rythme et de gags
90mn sans dialogues, c'est long
Trop sobre
Animation 3D rustique
10 fourmis qui portent une boite de sucre de 2 kg, c'est too much
C'est quoi ce message pro-gaspillage véhiculé ???
Dauntless
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le 3 févr. 2014

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