Julia X
4.4
Julia X

Film de P.J. Pettiette (2011)

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Laissons tomber le racolage d’un « le film d’horreur le plus choquant de l’année ! » pour se concentrer sur les vrais arguments de Julia X. S’annonçant banalement comme un film choc à base de psychopathe, Julia X se démarque de ses concurrents avec une habile inversion des rôles qui tend à confronter, en quelque sorte, le machisme au féminisme. Une idée intéressante surtout qu’elle touche à un thème fondamental : comment les sexes opposés se voient. Des arguments solides, mais hélas, le film manque largement de subtilité.


Si Julia X commence assez basiquement, on note un certain rythme dans la mise en scène. Normal, comme le spectateur connaît déjà les ingrédients du genre, le film sait qu’à défaut de délivrer tout de suite son idée, il ne faut pas qu’il s’ennuie. Avec une image assez propre, on a donc des ingrédients classiques de film choc, avec une certaine efficacité dans l’éclairage et les décors. Car Julia X a pour ambition d’être plus qu’un film choc, et on le constate quand nos soeurettes dévoilent leur visage d’équarisseuses de mysogines. Notre psychopathe, comme on s’en doute, est le cliché typique du mysogine. Les femmes, il les aime soumises et dociles, et basta. Julia X joue donc un peu avec le genre, mais pas trop, car pendant la majeure partie du film, c’est donc les filles qui se foutent de la gueule du psychopathe, lui promettant milles souffrances avant de claquer. C’est donc de la pure vengeance, sous couvert de punition de la phallocratie. Un peu simple comme recette pour prétendre renouveler le genre (car on ne bouge pas de la morale féministe habituellement de rigueur). On rajoute donc un type innocent au milieu, qui s’échauffe lors de l’allumage d’une des deux sœurs et qui se retrouve attaché aux côtés du psychopathe. C’est plutôt pendant ces séquences que le film prend un peu d’intérêt, dans ses notions de solidarité masculine face aux mangeuses d’homme. Sommaire, mais on change un peu d’ambiance, et ça fait du bien. Toutefois, après plus d’une heure, le film perd en sérieux, divergeant pendant quelques temps sur de la comédie avec un discours cinéphile entrecoupé de coups de masse et de chaîne, rompant le ton sans prévenir. Ce n’est pas très approprié, mais ça montre aussi que Julia X ne se prend pas trop au sérieux. Ce qui est mieux quand on voit la fin, chiante et frustrante pour le spectateur masculin. En effet, vu le caractère un peu chtarbé de nos deux sœurs, il n’est pas interdit de préférer la compagnie du psychopathe, qui devient de plus en plus sympathique au fur et à mesure que le film devient plus léger. Or la fin fait, prévisiblement, gagner les femmes, et surtout, elle laisse le fin mot de l’histoire à une allumeuse patenté, qui aime castrer les hommes quand ils se mettent à répondre par l’agressivité à l’allumage suivi d'un refus… Pointer la mysoginie, c’est bien, mais ériger le féminisme comme une réunion du Femen, c’est montrer à quel point ces deux partis sont d’une débilité, et finalement au même niveau (or le film ne les met pas au même niveau, les femmes ayant l’alibi d’une enfance traumatisée par un méchant papa, et puis c'est plus doux une femme, ça sent bon aussi...). Bref, Julia X ne sort finalement pas trop des sentiers battus, et il échoue un peu dans sa vision très caricaturale et floue de la guerre des sexes. Reste de bons acteurs, quelques passages sympathiques et une belle photographie, ainsi qu’une bande originale agréable.

Voracinéphile
3
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le 4 déc. 2015

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