La Liste de Schindler ou le chemin d'un Juste...

Aïe !.. Voilà un film qu'il va être bien difficile de critiquer avec un semblant d'objectivité tant son histoire, ses acteurs, son esthétique et sa musique m'ont bouleversé aux tréfonds de moi... Commençons par dire que ce film est le plus personnel de Steven Spielberg : le réalisateur n'a demandé aucun salaire et a tenu à lui donner une portée documentaire énorme. Ainsi le film débutera par une cérémonie traditionnelle du sabbat et se terminera en montrant côte à côte les acteurs et les gens qu'ils ont incarné trois heures durant, devant la caméra. Ces deux moments sont les seuls à être tournés intégralement en couleurs : comme pour mieux nous immerger dans la nuit nazie, La Liste de Schindler respectera la véracité des faits qu'elle décrit au point d'être filmée en noir et blanc, ajoutant ainsi une impression d'implacabilité à sa bouleversante sensibilité... Son histoire, encore une fois authentique, est celle d'un homme membre du Parti Nazi durant la Deuxième Guerre Mondiale, parti en Pologne pour faire des affaires et qui va progressivement évoluer au point de devenir un Juste et de sauver 1100 juifs de l'Holocauste. Le film s'attarde sur cet homme (formidablement incarné par Liam Neeson) qui dès le début, malgré son arrivisme, est étrangement attachant et qui va progresser par « paliers » successifs : l'arriviste humain et volontiers « aveugle » (dans les deux sens du terme) deviendra un patron bienveillant et protecteur disposé à engager des ouvriers uniquement pour leur sauver la vie (cette partie est la plus longue et la plus intéressante car c'est dans celle-ci que nous voyons « l'entourage » du personnage principal, particulièrement les nazis qu'il gruge et qu'il essaie discrètement _ sans succès _ de faire évoluer), pour enfin, alors que la déroute militaire point à l'horizon et que la Solution Finale devient politique officielle, franchir définitivement le cap et faire de son usine un ultime refuge pour ses ouvriers qu'il va protéger de toutes les façons, devenant pour eux la flamme de l'espoir, cette flamme qui ramène pour la première fois la couleur dans le film, alors même que la nuit nazie touche à sa fin... « Pour la première fois » ? en fait non, et c'est là que La Liste de Schindler touche au sublime : le héros franchit les différents « paliers » pré-cités en croisant à chaque fois la route d'un personnage sans nom à qui il ne parle jamais et qui symbolise à lui tout seul la tragédie de cette période : la petite fille en rouge. Ce personnage est, selon moi, la clef du film tout entier : celui qui justifie l'action et qui permet de ne jamais oublier le drame dont il parle. A la fin du film, et malgré le triomphe de l'espoir, l'image de la petite fille en rouge hante toutes les mémoires... Ajoutez-y la musique déchirante de John Williams et vous aurez je pense l'explication de l'émotion qu'il provoque... Superbement réalisé, bouleversant d'humanité, La Liste de Schindler est un film universel qui touchera quiconque a encore un cœur ici-bas : une merveille qui allie la fragilité de l'espoir à la force du diamant...

Sudena
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le 9 sept. 2015

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