Au début du film j'avais un peu peur d'une caricature de Despleschin (que j'adore par ailleurs) à cause du côté à la fois intello, littéraire et un peu barré du couple de héros. Puis le sujet du film s'est mis en place et j'ai été rassuré. Servi par un gros casting, français aux deux tiers ou presque, "Laurence Anyways" s'affiche comme plus sérieux et pesant que "Les amours imaginaires" tout en conservant une esthétique originale et efficace soutenue par des musiques toujours parfaitement choisies (sur ce plan Xavier Dolan pourrait bien rejoindre ces maîtres de la bande originale que sont Tarantino et Klapisch). Poupaud et Baye, nos deux Français, donc, exécutent parfaitement leur partition en faisant passer de très nombreuses émotions au moyen de très peu d'expressions ou de mouvements du corps, des yeux et du visage. Xavier Dolan nous fait encore une fois profiter de belles trouvailles de mise en scène, sans se répéter par rapport à ses films précédents. Il a le don de rendre ses acteurs beaux. Malgré toutes ces qualités, je lui préfère tout de même "Les amours imaginaires" qui le dépasse par son lyrisme assumé.