Laurence Anyways par Bung
Moi, quand j'entends parler de jeunes talents du cinémââââ (fermes-la Jeanne !), je me précipite dessus, d'autant que mes éclaireurs ont l'air d'être fanatisés par la production dont je vous parle en ce moment.
Donc, Dolan (Non, pas NUlan, DOIan) raconte l'histoire d'un prof qui se découvre femme pour ainsi dire de jour au lendemain et qui, par conséquent, décide, du jour au lendemain également, de se reconstruire à partir cette nouvelle vision qu'il a de lui-même. Ses proches, dont sa copine (une fausse rousse qui s'appelle Fred - je dis que c'est une fausse parce qu'elle est moche) sont quelque peu perturbés par ce changement.
Alors on s'attend à de la finesse, de l'intelligence à défaut d'adresse - c'est humain, la maladresse, c'est même ce qui rend parfois le film attachant car l'humanisant un 'tit peu et, ce qui frappe tout d'abord, c'est l'aspect à la fois téléfimesque, baveux et répétitif des plans s'enchaînant les uns derrière les autres.
Ca fait mal.
Mais enfin, on s'accroche. Ici et là, quelques beaux plans gâchés par le manque de profondeur ou une lumière moche. Et ce n'est pas mon écran, Le Voyage De Chihiro passe très bien et n'a pas cet effet là. Même la police des lettres apparaissant sur l'écran pour x ou y raisons font limite mauvais goût et n'ont pas la moindre unité.
Puis vint les scènes au ralenti, pétris d'effets de style ringard sur fond de musique pompeuse et tonitruante. Pas besoin d'agresser le spectateur avec Ebola Gay merde ! En se rajoutant ses effets pompeux à une absence quasi-totale de profondeur de champ, se contentant de filmer en gros plan ou en plan resserré ce qui a, à mon sens, pourtant besoin d'espace, de respiration, le "réalisateur" fait plonger son film dans les abîmes de l'ultra-kitsh. Ce qui en soi n'est pas un problème, mais qui exige un tant soit peu de maîtrise, ce qu'il n'y a absolument pas ici.
Alors, ce qui peut arriver à ce couple, ce qui se révèlera finalement banal par ailleurs, qu'est-ce que ça peut nous faire ? Les dialogues sonnent juste, un point positif, mais rien ne vient non plus bousculer l'ordinaire, le basique de l'histoire, les scènes qui se veulent intelligentes mais qui ne font qu'appuyer ce que les spectateurs ressentaient déjà et le ronronnement de l'ordinateur nous tirent vers un imperceptible sommeil, le réveil sonnant de temps à autre lors de disputes classiquement gérés (la caméra tremblotante pour mettre le spectateur mal à l'aise - un artifice bien facile et pas spécialement génial) et plutôt crédibles, il est vrai. Et puis comme les acteurs semblent concernés même si un peu foireux ici et là, ça améliore un peu la chose.
Certains costumes outranciers en rajoutent une couche sur le kitshissime du film, comme si il en avait besoin.
Du coup, je ne comprends en rien l'intérêt pour ce jeune réalisateur. Il faudrait, bien sûr, en voir un peu plus pour juger, mais rien de spécialement talentueux ne m'apparaît ici. Si, lecteur, tu as un point à défendre concernant le talent du sieur Dolan, n'hésites pas à commenter cette critique.