Le Cobaye
5.3
Le Cobaye

Film de Brett Leonard (1992)

Le grand argument du Cobaye à sa sortie est aujourd'hui le coup de grâce porté à cette espèce d'humble et tapageuse bullshit visionnaire pas si loin de L'Extraterrestre des Inconnus. Bien qu'ils lui valurent en 1991 une nomination assez naturelle aux Saturn Awards, ses FX étaient déjà d'une ringardise à toute épreuve une décennie après sa sortie et rivalisent de laideur. La manière de concevoir le virtuel, précisément comme réalité augmentée, est traitée de façon peu lumineuse et sur la forme tient du jeu vidéo primitif et dégueulasse : toutefois, pas de façon déraisonnable par rapport aux produits alors disponibles.

Néanmoins cette ambitieuse production New Line reste un pur film bis avec une certaine propension au ridicule. À l'époque, c'est un vrai trip selon les spectateurs, même s'il obtient déjà des critiques narquoises ou dépitées. Les personnages sonnent nanar sarcastique, avec Pierce Brosnan en scientifique asocial (piètre rôle, quatre ans avant de connaître la gloire avec James Bond) testant son projet sur l'attardé du coin, exploité par un curé dégénéré. Le Cobaye donne la sensation d'assister à une espèce de Melrose Place investi par des apprentis sorciers ou encore de Sorcières d'Eastwick tourné par des pré-ados illuminés et passablement stone. C'est un peu navrant bien qu'il y ait ce côté serial 80s-90s franchement sympathique.

Il y a bien ce côté visionnaire discount et précieux à la fois, renvoyant à la genèse d'Internet, jouant sur la nature de l'Homme et sur ses particules. Surtoutle spectacle est d'un premier degré absolu (mais superficiel), avec bande-son lyrique et atmosphère limite mystique de téléfilm new age friqué. On peut en profiter comme d'une petite fantaisie, un espèce de cousin de Johnny Mnemonic sachant parfois s'envoler ; ainsi, la séquence avec Marnie arrive à approcher le plaisir coupable. Une direction claire manque mais la mutation de l'espèce de triso lucide en nouveau monstre est très réussie : voilà un mélange entre le boogeyman, Edward et le Terminator.

Malheureusement le sujet n'est pas là mais bien dans le délire amphigourique proprement SF, mais les fantasmes autour de la science folle sont bien infructueux : Le Cobaye est trop bête, alors il s'arrête à temps mais le coup est d'autant plus superflu. C'est pittoresque mais quand même gênant, un peu comme Highlander, sauf que celui-là est devenu simplement culte, quand Le Cobaye est apprécié avec des circonvolutions. Brett Leonard le clipeur se lance en tout cas dans une carrière de réalisateur opportuniste, qui l'amènera à fuir en Australie ou en Europe pour tourner l'inénarrable Feed ou d'autres produits improbables et putassiers.

https://zogarok.wordpress.com/

Créée

le 14 janv. 2015

Critique lue 974 fois

2 j'aime

1 commentaire

Zogarok

Écrit par

Critique lue 974 fois

2
1

D'autres avis sur Le Cobaye

Le Cobaye
Régis_Moh
5

- Tu voulais le revoir et voilà c'est fait, t'es content ? - Non...

Aïe aïe aïe aïe aïe... Le genre de films qui, pour le môme des années 90 que j'étais, semblait révolutionnaire et faisait rêver. C'était comme le futur du jeu vidéo. Ça aurait été un sacré jeu de...

le 5 juin 2016

6 j'aime

1

Le Cobaye
Fatpooper
5

Smarter Harder Stronger

Avant de devenir Mr Bond, Pierce Brosnan a galéré, comme bon nombre d'acteurs à leurs débuts. Pas étonnant donc qu'on voit des stars confirmées aujourd'hui dans des navets d'hier. Pourtant, Le Cobaye...

le 25 janv. 2012

6 j'aime

2

Le Cobaye
Dark-Pilaf-99
8

génial à l'époque !

Ce film a un scénario puissant (original et intéressant) par contre les effets spéciaux et la réalisation ont pas mal vieilli. Je l'ai vu au moins 5 fois dans ma jeunesse. C'était un super trip à...

le 26 févr. 2014

3 j'aime

1

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

49 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2