La ville est triste, le moral des citoyens est au plus bas, rien ne va plus. Dans cette cité grise et déprimante, la famille Tuvache offre à ses clients depuis plusieurs générations un service particulier : le matériel nécessaire pour un suicide. Un beau, un propre, parce que comme l'aime à le rappeler le paterfamilias, quitte à rater sa vie, autant réussir sa mort. Mais dans cet univers sinistre, le cadet de la famille Tuvache se trouve être un gamin joyeux qui sourit tout le temps et transpire d'optimisme béat. Honte de ses parents, il va changer la donne dans le magasin des suicides. Écrit par le magicien Jean Teulé dont je vous conseille l'intégrale de son oeuvre, en particulier l'extra "Je, François Villon", l'histoire malsaine est riche en trouvailles glauques et sinistres. Amateurs d'humour noir, léchez vos babines ! Attention cependant, contrairement au bouquin, la fin du film est un poil décevante...
Mais outre le scénario sarcastique et amusant, "Le Magasin des suicides" de Patrice Leconte est aussi un bijou visuel. L'animation ainsi que le « chara design » est génialement illustré dans le film. Les visages des personnages et les décors sont des oeuvres d'arts à part entière ! La 3D (disponible parfois) n'est d'ailleurs pas trop mal utilisée et le mélange entre 2D/3D est savamment cuisiné pour nos papilles souvent blessées par un usage du relief spectaculaire et rarement justifié dans beaucoup de films sortis récemment. La physique des personnages est vraiment impressionnante et parfois même poétique ! Durant une scène que certains de mes compagnons spectateurs ont trouvés malsaine, où l'on voit la fille Tuvache danser nue avec un foulard, la physique de ce personnage en surpoids rend la jeune fille légère et douce au point de rendre cette séquence poétique et érotique. De plus, l'univers visuel du film est en constant changement et l'on se retrouve embarqué dans des rêves, des fantasmes, des dessins animés à l'intérieur du film ainsi qu'une très belle séquence à base de tests de Rorschach.
Enfin, il me faut vous avertir que ce film d'animation est aussi musical et c'est là son talon d'Achille. En effet, si les premières chansons sont bienvenues et plutôt bien écrites, on se sent vite saturé par les chants et on en vient presque à râler pour des couplets de trop ou des refrains trop longs. L'aspect comédie musicale aurait dû être largement moins présent dans le film, car l'immersion s'en trouve affectée et l'on se demande si les auteurs avaient un public défini. Étant donné que l'humour n'est pas à la portée de toutes nos chères têtes blondes, mais les chansons ne sont clairement pas adressées à un public de plus de 15 ans.
Pour conclure, c'est un très beau conte que nous livre Patrice Leconte, dommage que la fin du roman soit modifiée et que les chansons gâchent la magie de l'animation.
Augustin-Prophè
6

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Créée

le 4 mai 2013

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