Les Anges déchus par ValM
Pour son cinquième film, Wong Kar-Waï signe une forme de suite à son précédent long, le sublime Chungking Express. En effet, au-delà des thèmes extrêmement semblables, il dissémine de nombreuses références à sa précédente création (le personnage consommant des boîtes d'ananas périmés, le présence du « Chungking Express »,...). Les Anges déchus risque donc d'être vu comme une redite pour ceux qui ne seraient pas très friand du style Kar-Waï. Pourtant, si Chungking était un film plutôt optimiste, il me semble que cet opus est nettement plus sombre. De part la situation des personnages déjà, entre tueur à gage dépressif et muet, la solitude de ces personnages se fait extrêmement ressentir et confère au film une ambiance beaucoup plus triste.
Mais, grâce à ses talents de cinéastes, Wong Kar-Waï parvient à donner une ambiance atmosphérique à son film, une forme de légèreté par l'humour souvent présent par l'intermédiaire du personnage muet et de son père, ou des rencontres improbables du tueur à gage. Comme souvent chez le cinéaste, Les Anges déchus ne raconte pas d'intrigue particulière, il s'agit uniquement de suivre quelques personnages pendant quelques moments de leurs errances nocturnes. En ce sens, le film propose aussi des moments très beaux et touchants, comme la détresse de cette femme secrètement amoureuse de son partenaire et obligée de constater qu'il est en train de tomber dans les bras d'une autre. Un très beau moment de mélancolie, assez difficile a retranscrire par écrit et sublimé par la photographie de Christopher Doyle et ses éclairages prodigieux.