Les Bêtes du Sud sauvage par Pacomm

L'univers déroutant dans lequel Hushpuppy évolue comme un silure dans l'eau croupie se révèle étonnamment humain, une sorte d'utopie en vase clos, dans un no man's land imposé par la modernité. C'est, au sens propre, un bassin artificiel, une retenue d'eau qui a isolé progressivement du reste du monde un groupe de résistants accrochés à leur ancienne terre. Eux-même revendiquent un statut animal, et pourtant, ils cultivent l'entraide, le partage, la solidarité. L'écologie n'est plus un idéal dans ce bayou, c'est une nécessité. Il faut bien vivre, alors on élève auprès de soi les poulets dont on se nourrira. Exit les assiettes : le lave vaisselle, on l'a recyclé en couveuse. Pas besoin de fourchette avec de bonnes dents. c'est la vie que découvre Hushpuppy, une vie dans laquelle l'équilibre de la nature est la valeur essentielle. Si on rompt cet équilibre, nul doute que les quatre cavaliers de l'apocalypse surgiront. Peu importe que ce soit sous l'apparence d'une horde d'aurochs ou d'un complexe pétrochimique. Même le réalisateur derrière la caméra a pris le parti d'aller au plus simple, au plus serré aussi, parfois, caméra sur l'épaule. C'est qu'elle bouge drôlement, cette épatante petite, dans son short taillé dans un vieux jean et ses bottes en caoutchouc blanches. Ce n'est pas l'aspect plus réussi, mais c'est vivant. On aurait apprécié des temps calmes, même si, du même coup, on ne s'ennuie jamais, happé que l'on est par le flot d'images dont on se demande parfois si elles ne nous parviennent pas du monde des songes.