N'est pas Terry Gilliam qui veut.

Non pas que Gilliam n'ait fait que du bon, il compte quelques daubes à son actif, mais il est à ce jour le cinéaste qui sait le mieux filmer le bordel total en lui donnant une clarté narrative et esthétique. Chez Gilliam c'est toujours le capharnaüm et le désordre, mais c'est toujours un chaos vivant et organique, voire organisé. Pourquoi je dis ça ? Ben ici vu le contexte, le désordre on en mange et en en remange tout du long, mais c'est un désordre tache, laid, qui nous reste sur les rétines et le cerveau.

L'air de rien ça vous gâche pas mal un film qui, pourtant, en a dans le ventre. Notamment dans sa représentation - bien qu'elle soit relativement convenue - du lien de filiation entre un père largué et sa fille. Fille qui se trouve dotée d'un être-au-monde très acéré et présent, et agit comme un révélateur, pour les autres, de l'ordre des choses et de leur beauté (disons). On se retrouve par moment éclairé de certaines réflexions cosmologiques ("toute chose ayant connu la naissance connaîtra la disparition de ce qui l'a fait naître"). Ca passe.

Mais globalement la sensation dominante reste celle d'un essai qui - pour autant qu'il ait le mérite d'adopter son propre ton - a du mal à prendre ses marques et fini par infuser l'esprit d'une confusion inutile. La poésie relève quand même beaucoup d'un positionnement bobo (entendez par là de glorification d'un positionnement enfantin face à la cruauté du monde des adultes - un réflexe de défense esthétique et finalement assez superficiel). A voir si vous avez besoin d'une féérie somme toute autoconsciente et acide par moments.