La misère, c'est trop bien !!

Couvert de récompenses durant la saison 2012, acclamé par la presse, nominé aux Oscars, notamment pour son interprète principale Quvenzhané Wallis, Les bêtes du sud sauvage est ce qu'on appelle un grand succès critique.

Sauf que je ne suis pas fan de cette représentation colorée et folklorique de la pauvreté. On dirait que chaque plan a été léché pour laisser paraitre le plus beau de la misère où vivent cette petite fille et son père, et ça me gène pas mal.
Le film, vu du point de vue de la fille, raconte une inondation arrivant dans leur bayou, et qui va provoquer la venue d'aurochs, et dont l'enfant va croire que c'est un signe du destin dans la recherche de sa mère, disparue.
Elle doit aussi gérer les accès de violence de son père, alcoolique, et qui voit sa santé décliner.

Là aussi, je trouve ça facile, ce point de vue sur cet enfant, qui est certes très bien (Quvenzhané Wallis), mais son beau visage, son regard d'ange, est comme un adoucisseur à l'horreur qui l'entoure, et qui est montré comme presque magique, avec l'apparition de ces aurochs. Pourquoi ne pas avoir le point de vue du père, dont on perçoit clairement sa souffrance de la perte de sa femme ? Parce qu'il n'est pas beau et n'a pas un visage d'ange ?

Pour en revenir au début de ma critique, la réalisateur semble faire de ce film une apologie de la misère, jusqu'à une scène très maladroite à l’hôpital où le père va refuser de se faire soigner, et rejoindre leur taudis. On en revient toujours à cette volonté de rester dans la misère, et en quelque sorte, de vouloir y rester.

Il y a quand même de bonnes choses dans tout ça ; la petite fille d'une part, le plan de l'apparition des aurochs, et d'autre part, la musique, composée par la réalisateur, Benh Zeitlin.
Les histoires où les personnages ont l'air d'avoir envie de rester dans leur merde m'exaspère, et on voit à plusieurs reprises qu'ils ont le moyen d'en échapper, mais c'est essentiellement pour ça que Les bêtes du sud sauvage m'a grandement déçu.