Cela faisait quelques années que la science-fiction ne nous avait pas offert un très bon moment de cinéma si l’on excepte Super 8 l’année dernière. Cela faisait encore plus longtemps que le thème du voyage dans le temps n’avait été aussi bien traité dans les salles obscures. Largement mésestimée dans le milieu, la science-fiction a pourtant participé à de multiples reprises à la construction de l’histoire du septième art. Sous des airs faussement discrets, « Looper » vient sans doute d’entrer brutalement dans le monde des grands films de science-fiction.

L’artisan de cette réussite est Rian Johnson. Ce bientôt quarantenaire signe là son 3ème film et porte la double casquette de scénariste et de réalisateur. Propulsant son récit en 2044, il imagine l’histoire d’une organisation criminelle et de ses tueurs chargés d’abattre des victimes du futur. Joe est un « looper » qui va laisser son propre double âgé, venu du futur, se dérober au lieu de l’assassiner. Le reste du film est une superbe course-poursuite et un jeu de cache-cache entre les hommes, le passé, le présent et le futur. Jouant aussi bien sur le thème du voyage dans le temps que sur celui de l’effet papillon, Rian Johnson livre un film haletant sans aucun temps mort.

Si le film est une réussite, c’est aussi pour son incroyable casting. Le talentueux Joseph Gordon-Levitt signe là sa troisième collaboration avec le réalisateur et je suis déjà curieux de voir les précédents films ainsi que les suivants. Pour l’occasion, Joseph Gordon-Levitt a été retouché numériquement pour qu’il ressemble à son double âgé qui n’est autre que Bruce Willis qu’on retrouve dans un rôle conforme à sa carrière. On n’échappe pas aux clichés « Die Hard » mais c’est dans l’esprit et ça ne ternit pas l’appréciation du film.

Enfin, mention spéciale à Emily Blunt et à son « fils » interprété par le traumatisant Pierce Gagnon qui signe là une performance démentielle le faisant rentrer, malgré son jeune âge, dans les plus grands psychotiques du septième art au côté d’un Norman Bates ou d’un Jack Torrance. Parfois alambiqué scénaristiquement mais retombant toujours sur ses pattes, « Looper » est un vrai bon film de science-fiction, sans aucun doute celui de l’année 2012.
potaille
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le 11 nov. 2012

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potaille

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