Un film culte pour les 2010's
J'ai eu en sortant de la salle la même impression que j'ai ressenti en 1995 à la sortie de l'armée des 12 singes (oui moi aussi je voyage dans le temps !).
La réussite du film tient à mes yeux en 4 points:
Un véritable univers :
LOOPER presente un monde futuriste crédible qui rappelle les meilleurs univers de la SF littéraire.
Le film donne un aperçu de la déliquescence de notre société ou se côtoie technologie et misère extrême et nous fait découvrir comment l'homme à lui-même évolué. On visite aussi bien les mégalopoles que les campagnes reculées. Le style de la mise en scène est sobre avec des effets de design et de styles un peu surréalistes qui le rapproche de ceux d'un Alex Proyas ou d'un David lynch. Sur ce canevas il déploie son concept des Loopers, alambiqué sur le papier mais expliqué de manière limpide par la voix off de Joseph Gordon Levitt.
C'est parce que son histoire est maitrisée et sa réalisation claire que jamais les paradoxes temporels du film ne se mettent en travers du plaisir qu'on prend à sa vision.
Un scénario travaillé:
Le scénario de Looper est brillant, très riche il se réserve des changements de tons assez surprenants. Toutes les grandes questions sur le voyage dans le temps y sont abordées et l'enjeu du film se trouve être assez inattendu, bien différent de ce à quoi on s'attendait au départ.
Loin d'être un film d'action, Looper s'attache à ses personnages chacun pris au piégé dans cette boucle infernale.
Une interprétation brillante :
On n'avait pas vu Bruce Willis, depuis ses deux films avec M.Night Shyamalan, aussi brillant.
Le scénario lui permet de jouer sur ses deux images, le dur à cuire Bad-ass mais aussi l'homme tourmenté par une mélancolie toujours présente. Malgré son statut de star il est plaisant de voir que Willis en « veut » encore et recherche des auteurs lui donnant des challenges à relever. Rian Johnson en bon fan, n'oublie pas de lui offrir une pose iconique qui restera dans les mémoires au même titre que celle de Pulp Fiction.
Jouant le même personnage plus jeune, Joseph Gordon Levitt sous un maquillage le rendant méconnaissable réussit à être crédible sans sombrer dans l'imitation. C'est par petites touches impressionnistes qu'on le voit en tant que Bruce Willis potentiel mais ce gimmick s'estompe bien vite car il compose un vrai personnage. Il va subir une véritable transformation émotionnelle au cours du film et son regard intense le retranscrit parfaitement.
Les seconds rôles sont nombreux et très réussis donnant une texture au film : Emily Blunt en mère courage, Jeff Daniels faussement bonhomme en mafieux venu du futur (qui au passage nous donne peu d'espoir pour l'avenir de la France dans une réplique qui a fait s'éclater de rire la salle).
A noter un enfant acteur saisissant dans le rôle du petit Cid qui marquera les mémoires.(même si c'est la direction d'acteurs de Rian Johnson qui le rend si impressionnant).
Un atterrissage soigné:
On a souvent été déçu par des films brassant des concepts ambitieux faisant monter des enjeux dramatiques intéressants et qui s'effondrent au final à cause d'une conclusion décevante.
La plus grande force du film à mes yeux est que sa conclusion est à la fois simple, émouvante et totalement cohérente avec les deux heures qui l'ont précédé.
On sort du film avec l'impression d'avoir vécu un grand moment de cinéma.
La campagne marketing du film laisse présager un film d'action futuriste dans la veine de Terminator (même si il y a une filiation très forte entre les deux métrages mais chut), pourtant Looper est beaucoup plus cérébral et sentimental que « action packed », cela peut donc entrainer des déceptions.
Conclusion
Grand film de SF adulte Looper nous fait découvrir un vrai auteur en la personne de Rian Johnson et donne à cette décennie un de ces premiers film culte. 9/10