Film dont il y a UN passage à ne surtout pas louper…

… Et moi c’est à ce moment là que j’ai somnolé.
Bon avant de commencer, il faut que je vous raconte un peu le contexte dans lequel je suis allé voir le film. En premier lieu, j’ai vu l’affiche, avec ces deux personnalités j’étais immédiatement intéressé d’en savoir un peu plus, j’ai donc regardé la bande-annonce qui a vite calmé mes élans, pensant que ce ne serait qu’un film d’action sans réflexion sur les voyages temporels ça ne m’intéressait plus, sentiment grandement renforcé lorsque j’ai lu "Looper ne s’attache guère à théoriser le voyage dans le temps, il écarte d’emblée toute réflexion à son sujet en lui permettant de pouvoir en faire ce qu’il veut sans que cela n’affecte la cohérence du récit". Mais c’est lorsque mon entourage à commencé à en parler après l’avoir vu que mes sentiments à l’égard de Looper ont changé. Entre ceux qui ont adoré absolument le film et ceux qui ont juste apprécié sans plus, s’en est démarqué un qui a trouvé le film insupportable. Qui plus est, disait-il, certaines personnes sont sorties avant la fin, ce à quoi un autre a répondu que durant sa séance, des spectateurs avaient fait de même. Et là je me suis dit qu’il fallait absolument que je juge par moi-même ce film qui a autant partagé les foules. Et j’ai ainsi eu la lourde tâche, avec un ami, de devoir partager les avis pour savoir s’il était bien ou non.

Et j’en arrive désormais à ce moment précis.
Et vu la note vous vous doutez que ce film ne m’a pas considérablement affecté. Ceci étant, j’ai eu bien du mal (et mon ami aussi d’ailleurs) à départager nos camarades.
Bon, je vais essayer de vous résumer tout ça en évitant de spoil.

Selon moi le film est divisé en 2 parties, la première qui est tout à fait honorable et annonce un très bon film en perspective, et la seconde moitié où l’on se dit que les concierges du plateau ont voulu terminer le film pendant que l’équipe du tournage était partie s’acheter un sandwich.
Pour faire simple, ça se passe dans le futur, dans un futur où il est impossible de tuer car les méthodes de traçabilité sont tellement poussées qu’on ne peut plus rien faire dans le feutré. Mais dans ce futur, le voyage dans le temps existe et est interdit d’utilisation pour une majeure partie de la population. Des personnes auront donc comme mission d’envoyer dans le passé des individus gênants à d’autres personnes, les Looper, qui seront chargées, elles, de les exécuter immédiatement à leur arrivée. Malheureusement, notre héros se retrouve confronté à son double du futur.

De prime abord, ce synopsis s’avère fortement attractif, mais il est bien plus malheureux d’apprendre, qu’avec une telle amorce, tout le pan sur les voyages temporels est intégralement laissé de côté. C’est d’ailleurs la scène où ils en parlent qui est la plus important du film, une fois celle-ci passée, on comprend en fait tout le film. Pour ma part c’était donc un très bon point d’avoir à moitié somnolé, sans quoi le peu de suspens qu’il y avait durant la deuxième période n’aurait même pas eu lieu.

En fait la première moitié pose les bases du contexte de l’histoire, ça se passe dans le futur, on est dans une société manifestement paranoïaque et corrompue (ça ressemble un peu à l’ambiance de Time Out pour être honnête), mais bizarrement ça ne colle pas. Le héros en parle de façon narrative au début, mais ne nous dit finalement pas grand-chose, tout un univers, toute une ambiance est créée, modifiée à partir de notre mode de vie actuel mais ne sert finalement à rien, ne donne pas de profondeur concrète au scénario. Par ailleurs, le fait de voir son double du futur, qui, je le pensais, était justement le noyau de l’intrigue, n’est qu’une formalité dans le film, ce qui n’a pas manqué de me décevoir. Car oui, lorsqu’un Looper doit abattre son double du futur, on dit alors que "la boucle est bouclée" et qu’il doit prendre sa retraite. Sauf qu’ici, de plus en plus de Looper devront prendre leur retraite et ça deviendra monnaie courante, si bien que le premier à laisser échapper sa cible n’est pas Joseph Gordon-Levitt (Joe du présent).
Ajouté à cela un élément très dangereux à manipuler et vraiment inattendu pour ma part, la télékinésie. Présentée ici plus ou moins comme une maladie qu’une grande partie des citoyens ont reçu, la télékinésie s’apparentait donc comme élément secondaire voire même comme élément de raillerie. Non pas que cette capacité ne colle pas à la science-fiction, loin de là, la Force étant l’une des prédominante du domaine, simplement que si l’univers autour du film n’est pas en béton armé, ce genre de puissance surhumaine est très rapidement une énorme facilité scénaristique. Heureusement, aucune utilisation n’en est faite (du moins de façon significative) dans la première moitié du film. Au final une foule de détails (par exemple la méthode de drogue, que j’ai plutôt trouvé intéressante) feront que ce film sera plus ou moins apprécié selon leur logicité contextuelle et leur innovation fictionnelle, et quoi que le résultat de chacun de ces détails ait pu susciter chez moi (je vous laisse tout découvrir, mais il y a des choses sincèrement appréciables), je reconnais et applaudis l’ingéniosité de leur mise en scène.

On en arrive maintenant à la deuxième partie du film. Alors qu’en première partie toute l’organisation des Looper était détaillée et plutôt bien structurée, en seconde partie, plus rien ne tiens debout. C’est à ce moment que le film change de genre et passe de Science-fiction à Action. L’âme de Die Hard reprend le dessus et les pirouettes ne manquent plus à l’appel. Ce qui n’était juste avant pas encore un monde manichéen, l’est devenu en seconde partie. L’organisation se faisant intégralement décimer par un seul homme, on entre progressivement dans le n’importe quoi. Planté la plupart du temps dans le décor de la saison 2 de The Walking Dead, c’est à ce moment que toutes les informations émises durant la conversation vous sont utiles (et c’est en fait à peu près à ce moment que vous pouvez partir sans rien louper de l’intrigue finale). La télékinésie, qui n’était jusqu’à maintenant qu’un détail, est devenu le point central de l’histoire et vous vous retrouvez avec un personnage qui va littéralement se transformer en Super Saiyan.

Spoil :
A la base, durant la conversation dans le brunch (la fameuse conversation très importante), vous apprenez qu’une mystérieuse personne un peu psychopathe sur les bords à pris le contrôle de l’organisation des Looper et s’amuse à renvoyer tous les Looper dans leur passé pour qu’ils se tuent. Si à la base un tel élément d’intrigue est fortement appréciable, on se questionne quant à sa cohérence. Car en effet, le jeune garçon qui se transforme en Super Saiyan, est ce fameux psychopathe (le Maître de la Pluie), et son pouvoir lui permet de faire littéralement imploser un corps. Dans ce cas, quel est son intérêt, plus tard, de renvoyer les Looper dans leur passé plutôt que de les faire imploser purement et simplement ?
Et c’est là véritablement que le coup du voyage dans le temps pose problème. Car si les théories n’ont, semble-t-il, pas manqué de fleurir, aucune ne prend en compte le paradoxe temporel. Ainsi l’une d’entre elle visait à prétendre que le gosse, à l’âge adulte, renvoyait les Looper dans l’espoir (ou la certitude) que l’un d’entre eux puisse permettre d’empêcher que ce même enfant devienne plus tard un vilain méchant. Qu’il savait que Joe âgé pousserait Joe présent à éviter que le Maître de la Pluie apparaisse. Sauf que l’enfant en question, bien que déjà un peu dégénéré à son âge, ne connaît l’existence des Looper qu’à cause de Joe âgé, donc dans un premier temps, le simple fait de ne pas renvoyer Joe âgé dans le passé devrait empêcher l’enfant de devenir un méchant, mais en plus de ça, la seule alternative rencontrée est que le Joe présent se suicide pour éviter que son propre futur ne fasse une bêtise. Donc, s’il avait tué son futur immédiatement, rien de tout cela ne se serait théoriquement produit. Et si les mauvaises langues viennent dire que justement, rien ne prouve que dans le futur, Joe ne rencontre pas le gosse et que tout se passe de la même manière alors je répondrai simplement qu’il aurait pu le tuer immédiatement, puisqu’une balle est capable de l’atteindre, l’enfant n’est donc pas invincible. D’autant plus que l’organisation étant totalement décimée cela implique que quoiqu’il arrive, le Maître de la Pluie devrait la recréer s’il voulait la re-détruire. Par ailleurs, ne connaissant pas la suite de l’histoire (celle post-générique de fin), rien ne prouve non plus qu’il ne devienne pas plus tard le Maître de la Pluie justement dans le but de venger Joe.
Bref, quelque soit la théorie, il y a des lacunes.
/Spoil

Au final, là où il y avait une vraie capacité scénaristique, le réalisateur a décidé d’écarter tout élément temporel dans un souci de peur d’incohérence, ce qui rend le film bien trop pauvre par rapport à ce qu’il pourrait véritablement offrir.

Pour finir, et là je pointe du doigt un détail qui m’a simplement irrité, c’est que durant tout le film tous les personnages tirent comme des stormtroopers et pile poil au moment où le héros se sert d’un autre gus comme bouclier humain, pouf 4 balles en plein corps d’un coups.

Enfin, sans vouloir m’étendre, comme je l’ai dis plus haut, des passages vraiment très appréciables et d’autres sacrément ridicules, au final comme je le pensais au début, le film n’est pas très bon, de bonnes bases vraiment mal exploitées et une histoire qui en fin de compte n’a pas vraiment d’intérêt, même pour de la science-fiction.

Créée

le 29 nov. 2012

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Notry

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