Lors de sa sortie, « Looper » avait été présenté comme une perle, comme un mélange du film noir et du film de science-fiction, au scénario aussi inventif que maîtrisé. Il n’en est rien… Bien qu’il s’efforce, en effet, de combiner les genres et soit porteur d’une histoire inventive, « Looper » est en réalité un pot-pourri de thèmes entrelacés maladroitement les uns aux autres, et son scénario, victime de sa complexité, vient à bout de la patience du spectateur, qui décroche pour ne plus revenir.

A l’image de ses acteurs, le film sonne faux. Rian Johnson s’offre le luxe de se payer Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Paul Dano et Jeff Daniels, mais ne leur offre que des personnages insipides et creux. Joseph Gordon-Levitt s’est vu contraint de porter un faux nez, afin de ressembler à un Bruce Willis jeune. Une très mauvaise idée. Le maquillage l'empêche d’exprimer une quelconque émotion, ses traits étant comprimés par le latex. Ainsi, autant que son visage, son personnage est faux, caché.

L’idée de faire se rencontrer le jeune et le vieux Jo était intéressante, bien que déjà vue. Mais là encore, elle tombe à plat. Les séquences réunissant les deux acteurs se comptent sur les doigts de la main, sont particulièrement ennuyeuses, et les scènes de Bruce Willis se résument également à une peau de chagrin. En tout et pour tout, on doit le voir 15 minutes. Son personnage est monolithique. Il semble avoir un plan et un but, mais personne ne le comprend à part lui. Paul Dano, pourtant excellent d’habitude, joue le rôle du boulet de Jo, et Jeff Daniels, qui se voit pourtant offrir le rôle du chef de l’organisation des Loopers, celui du lien vivant entre le présent et le futur, n’en fait rien. Il a l’air d’un passant qu’on aurait pris dans la rue et posé devant la caméra.

Le principe quand on crée un univers, c’est d’établir les règles et de s’y tenir. Après avoir présenter les droits et devoirs des Loopers pendant les 20 premières minutes (les meilleures du film), le réalisateur s’embarque dans diverses directions, mais se perd en chemin. Il fait par exemple le choix d’introduire de la télékinésie dans l’histoire, mais l’utilise de façon très maladroite. D’abord un tout petit peu, puis de plus en plus, pour finir par faire de son film une sorte de « Carrie » version futuriste.

La patience du spectateur s’amenuise au fil des minutes. D’abord attentif et prompt à faire l’effort de comprendre ce scénario initialement futé mais non maîtrisé, on finit par abandonner à la moitié du film, et à attendre la fin, passif, blasé.

« Looper » avait énormément de potentiel. Il n’est malheureusement qu’un navet qui sera très vite oublié.
AlexLeFieutard
3
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le 1 mars 2013

Critique lue 375 fois

AlexLeFieutard

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