Un conseil : passez votre chemin (Without Spoilers)
*** Cette critique contient très très très peu de spoilers. Il y a effectivement quelques références qui peuvent "gâcher" un détail ou deux, mais rien sur l'intrigue principale ***
Avec un synopsis aguicheur et une première partie prometteuse, on était en droit d'attendre de Looper un film d'action haut-de-gamme. Le film ne se veut pas menteur et ne promet pas une réflexion profonde sur les voyages temporelles et la fatalité, mais bien de l'action bien ficelé, bien amené avec un scénario qui déchire. Je vais, de ce pas, vous expliquer ô combien la désillusion est grande.
En 2044, le voyage dans le temps n'existe pas encore, mais on sait qu'il sera développé dans une trentaine d'année. En effet, les mafias du futurs expédient leurs "condamnés" à travers le temps pour les envoyer en 2044. A ce moment là, des tueurs des mafias actuelles réceptionnent le "colis" et l'éliminent immédiatement. Un travail rapide et bien payé pour ceux que l'on nomme les Looper.
Chaque "victime" possède sur lui des lingots d'argent pour payer l'assassin. Un jour, le looper exécute une victime avec des lingots d'or. Cela signifie qu'il vient de se tuer lui-même dans 30 ans. En effet, le voyage dans le temps est si controversé que tout looper sait qu'il devra, lui-même, mettre fin à ses jours et bouclé la boucle. Une fois l'auto-élimination faite, le looper a alors 30 ans pour profiter de tout son argent.
La plus grande faute d'un looper c'est de laisser échapper son soi-du-futur. Tout est alors mis en œuvre pour le retrouver et l'éliminer, afin d'éviter les paradoxes temporels. Quitte à torturer, couper en morceau voir tuer sa version contemporaine.
Joe (Joseph Gordon-Levitt) est un de ces loopers. Pour lui la vie se résume à une prostitué dont il est épris, à la drogue, qu'il consomme quotidiennement et à l'apprentissage de l'italien. Il aime plus que tout l'argent, la possession, lui qui n'avait rien au démarrage. Il n'a pas hésité à trahir son meilleur ami, Seth (Paul Dano) pour conserver son argent. Il entretient également une relation d'amitié avec son patron, Abe (Jeff Daniels) qui lui conseille de manière amusante, de se mettre au mandarin.
Un jour, Joe foire son coup et laisse échapper sa proie, il s'agit de sa version du futur (jouée par Bruce Willis). Ce-dernier entend bien ne pas être une simple victime, mais arrêter tout ce système en tuant le futur "maître-des-pluies", le nouveau patron de la mafia dans le futur, qui est indirectement responsable de la mort de la futur femme de Joe.
S'engage alors une double quête. Du côté du Joe-présent, il faut retrouver son double, l'exécuter, tout en échappant à la mafia. Pour Joe-Futur, il faut trouver le potentiel futur-maître-des-pluies et tuer celui qui n'est encore qu'un enfant, le tout en échappant également à son double du présent et à la mafia.
Est ce que le Joe-Présent peut essayer de sauver un futur dont il ignore tout et une femme qu'il n'aime pas encore ? Est ce que le Joe-Futur est capable d'exécuter des enfants innocents uniquement pour avoir la certitude de ne pas voir son épouse mourir ? Est ce que les sentiments peuvent fluctuer à travers le flux temporels ?
Bref, on a un synopsis qui envoie du pâté et très franchement les premières scènes avec Gordon-Levitt et Willis m'ont fait frissonner de plaisir.
Et c'est là où le bas blesse.
Si le début est bien mise en scène avec l'idée d'une double narration, à la fois avec la version future puis la version présente, très vite cette idée est oubliée. On a également des changements brutaux de personnages, l'un passant du statut de "gentil" à "méchant" et inversement bien trop rapidement et sans réel implication.
Enfaite, les personnages sont superficiels au possible et le film manque profondément de réflexion. Joe-présent étant, au passage, plus d'une fois stupide.
Un des gros soucis du film c'est l'ennuie qui s'en dégage. Le rythme est long, les plans durent bien trop longtemps, et une grande partie de l'action est caricaturale (Bruce Willis qui élimine - alone - la mafia). Des caricatures qui se retrouvent rapidement dans la construction scénaristique, une grande partie étant prévisible.
Donc, on est face à un vrai problème : ce film est trop long, trop ennuyeux. Le rythme est vraiment mal géré et plus d'une fois je me suis senti sortir du film, à mon grand regret.
Dans le même temps, beaucoup de moments sont prévisibles comme je le disais. Des scènes, ajoutées de manière très caricaturales, sans intérêt soit dit en passant. Au hasard, la scène de "sexe", totalement gratuite, alors, certes, on ne voit rien, mais on a bien quelques minutes inutiles à l'écran, mal filmées, énervantes ...
Cette impression d'inintérêt se retrouve dans plusieurs personnages. Abe, Sue (Piper Perabo), Beatrix (Tracie Thoms) sont autant de personnages au potentiel intéressant et totalement sous-traité. Après un démarrage qui semble les mettre en avant, on les oublie totalement et le film se concentrera, à la place, sur le personnage de Sara (Emily Blunt) qui n'apparaît qu'à la moitié du film. C'est vraiment un gros regret.
Autre élément inutile : 2044. Pourquoi est ce que ça se passe dans le futur ? A part une moto volante sur deux scènes, des flingues spécifiques et des drogues oculaires, il n'y a pas vraiment d'intérêt. L'espèce d'ultra-violence, de clivages entre les groupes sociaux, tout ça n'est que pointé très rapidement du doigt au début et devient totalement oublié. A la place, on a 80% du film qui se passent dans des champs de maïs ... Franchement, pour ça, le film aurait pu se dérouler en 2012.
Ce refus de développé ce qui aurait pu être un intérêt se retrouve enfin dans les personnages. La confrontation de leurs idées, de leurs positions, leurs doutes et la réflexion sur eux-mêmes ne sont que doucement montré lors d'un face-à-face Willis-Gordon-Levitt. Sinon, on met tout ça de côté. C'est vraiment dommage, car, la substance même du film est ainsi ignorée. On ne sent pas les personnages, ils sont lisses.
Ajoutons à cela des acteurs pas toujours au top (Oui, Emily Blunt, c'est de toi que je parle ... Je vous jure, je déteste cette actrice depuis Looper) et on a vraiment de bonnes raisons de pas voir ce film.
Au final Looper c'est quoi : un film avec une réalisation technique banale (la BO sans intérêt, la photographie idem), voir mauvaise (narration, rythme scénaristique) où les acteurs se battent plus ou moins bien et où les raisons semblent parfois traités par dessus la jambe et où toute la thématique sur le voyage dans le temps, sur l'auto-confrontation, sur la mafia, tout ça, c'est genre, on s'en fiche.
On a donc un fond, qui n'est pas mauvais, mais juste absent, ne respectant pas du tout ses promesses. Et la forme, elle, est ennuyeuse.
Ne faite pas la même erreur que moi : ne le regardez pas.