Que dire d'un tel film ? Volontairement de mauvais goût et foncièrement caricatural, totalement idiot mais décomplexé, violent et déjanté, Machete ne peut qu'offrir un bon moment de divertissement difficilement critiquable tant son réalisateur, Robert Rodriguez, s'amuse à faire de la nullité un art majeur.

Pour tenter d'intellectualiser tout de même la place d'un tel film dans l'Histoire du cinéma, soyons fou, on peut le placer dans les expérimentations jusqu'au-boutistes. Ou comment un mauvais film, tant qu'il est fait consciemment, et avec second (ou plutôt quinzième) degré, devient une véritable oeuvre. C'est donc une sorte de défi au jugement du spectateur que lance Rodriguez, lui ou Tarantino, quand ils réalisent des films comme Planète Terreur, Boulevard de la mort ou encore Machete. La deuxième importance du film, c'est le plaisir qu'on y prend à faire exploser tous les symboles de l'Amérique puritaine : femmes libérées qui tirent sur tout ce qui bouge, prêtre armé jusqu'aux dents qui finit cloué à une croix après un règlement de comptes dans son église, mère et fille bourgeoises qui tournent une webcam pornographique ensemble, même adepte du sexe lesbien qui s'habille en nonne pour aller régler son compte à un sénateur verreux, défenseurs de l'Amérique old-school qui ne sont que des tueurs manipulés par les parrains de la drogue, etc. Une ode à la liberté, en quelque sorte ! Un film social, même, autour de l'immigration... mais qui prend la forme d'un grand n'importe quoi jubilatoire et adolescent. Dans la lignée du projet Grindhouse, duquel est tiré l'idée de base (en fait, une fausse bande-annonce de série Z), Machete est donc très con mais très cool, sans grand moment de cinéma malheureusement. Car on est bien loin du cinéma de Tarantino, qui, comme De Palma avant lui, a su créer de vrais personnages et un cinéma personnel malgré la forte présence de références. Pas tant de génie chez Rodriguez, et on gardera en mémoire de Machete un bon moment entre potes (ça se voit entre potes, obligatoirement), les fausses pubs républicaines de Robert De Niro ("I approve this message"), Steven Seagal en mode autoparodique, et bien sûr ce type sorti de nulle part, Danny Trejo alias 'Machete'. Ah ! J'oubliais un bon nombre de paires de fesses et de seins appartenant à Jessica Alba, Michelle Rodriguez et Lindsay Lohan - qui savent jouer aussi, tout de même.
BlueKey
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le 27 sept. 2012

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