Terreur et pitié.

Un film qui te chope par la cravate et de te dit de fermer ta gueule pour écouter ce qu'il a à te dire. Boum on te prend sans te prévenir et on te lâche plus.
Malgré tout, la violence de la réalisation et des scènes est savamment dosée pour que le film soit choquant sans faire dans le poussif, bourrin sans faire dans le décérébré, cruel sans faire dans le torture porn cheap, et c'est ce qui fait tout son charme, toute sa puissance.
Toute cette violence n'exclut pas quelques moments plus calmes, et sert avant tout un propos, une histoire, qui, soutenue par l'excellent jeu d'acteur du protagoniste - on peut presque observer le drame se jouer sur son visage - finira par vous prendre au ventre comme une gastro en sortant d'un kebab, le malaise émotionnel en plus.

Quelques trouvailles dans la façon de filmer, mais rien d'assez ostensible pour devenir énervant, et des musiques sublimes qui sont foutrement bien utilisées. Cela permet de raconter une histoire qui, racontée de but en blanc, pourrait avoir l'air romanesque mais qui, lorsqu'on la vit aux côtés d'Oh Dae-Su, semble réaliste, humaine, presque simple. C'est là tout le talent de Park Chan-wook, avoir réussi à livrer une épopée tragique mais dont on ne se sent pas exclu pour autant.

Enfin, il faut vraiment revenir sur ce terme de "tragique", qui ici se justifie encore plus qu'à l'accoutumée tant le film rappelle une tragédie grecque dans sa construction, son propos et ce qu'on en ressort. Catharsis rondement menée qui mêle violence et pathos sans sombrer dans aucun extrême et qui se permet même une réflexion sur la vengeance qu'on attendait pas forcément. Je dis pas qu'il y a de grandes réflexions métaphysiques, mais que la vengeance est envisagée un peu plus finement que d'habitude, et qu'il y a quelques questions intéressantes pour qui prendra la peine de les noter.

Au final, c'est juste un putain de chef d'oeuvre qui mérite d'être vu tant il touche, secoue, retourne. Ouais. Carrément. Il inspire, pour reprendre l'expression aristotélicienne concernant le rôle cathartique des tragédies "terreur et pitié".