Comme son réal. Aussi gonflé que gonflant.

Le très maîtrisé et le très surfait se côtoient avec un rare équilibre dans Old Boy. Esthétiquement, le travail est très poussé, la mise en scène se veut (sur)stylisée et colle à l'ambiance glauque mais déjà beaucoup d'effets semblent débités de façon scolaire, trop propres sur eux pour transmettre un véritable parti pris. Les acteurs quant à eux sont souvent remarquables (Choi Min Sik se déchire encore une fois) et portent un scénario qui tente d'atteindre non sans effet choc les cimes du marquant.... Mais non, ça ne passe pas, c'est plutôt le sadisme, le nihilisme, le pessimisme et le choc gratuit d'un Takashi Miike ou même d'un Kitano qui semblent bien être le plus important à Park Chan Wook alors que le reste est délaissé, dédaigné, snobé même, mis au second plan tant le monsieur est sûr de son effet, trop confiant avec sa seule et unique révélation qu'il a à pondre en deux heures. Le genre de film qui se gargarise d'un twist bien balèze mais qui ne parvient pas à transmettre le plus important, l'émotion brute et non la forte impression. Park Chan Wook a beau vouloir remuer le bulbe, les tripes et les mirettes, rien ne véhicule l'émotion salvatrice. Le coeur reste insensible non sans raison. La scène où Choi Min Sik rampe aux pieds de son tortionnaire est une sorte d'apothéose du sadisme gratuit. Et même si le sujet est extrêmement fort et sensible, au final il ne reste qu'un goût amer. La première partie pose habilement l'ambiance mais reste désespérément lourde et inutilement développée, accompagnée d'une voix off pénible et envahissante. Ah oui, c'est pour bien nous faire sentir le mystère et l'enfermement de 15 ans... Le sentiment est plutôt la désagréable* attente de la suite qui susurre : "attendez, y a un twist de folie, c'est un truc de dingue !"

c'est ça ouais, ben quand ce sera moins vain tu me rappelles. Le coup est bien tenté mais l'odeur de provocation facile reste la plus forte. Choquer pour retenir l'attention, Park n'a-t-il pas autre chose dans sa besace... N'est pas Peckinpah qui veut.

* Sentiment que le réalisateur a un vrai talent à faire passer, il faut le reconnaître.

(Et sinon " Ris, tout le monde rira avec toi. Pleure, tu seras le seul à pleurer"
La foule - King Vidor (1928))

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le 5 nov. 2010

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drélium

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