(à lire pour savoir tout ce qu'il ne faut pas faire dans un film du genre)

Fan inconditionnel du premier Predator, je suis tout de même allé voir ce film sans trop d'a priori, essayant de me démarquer de ces fans extrémistes dont toute tentative de réinterprétation de l'œuvre originale touche à l'hérésie.
Pourtant je savais très bien qu'il serait très difficile, voir carrément impossible d'égaler l'œuvre originale. Et je ne me suis pas trompé...
M. Rodriguez (producteur sur le film) dit lui-même dans une interview que ce n'était pas possible de rivaliser avec le premier. Alors pourquoi essayé monsieur Rodriguez ? Et déjà, si tenté qu'on essaye de s'attaquer à un mythe comme Predator, il faut avoir des couilles et le minimum ça aurait été de passer derrière la caméra !

On peut dire que Predators est un beau caca ou plutôt un beau gâchis car le film aurait pu être moins pire. Je vais donc essayer d'analyser un peu ce qui ne va pas dans ce film et donner mon opinion sur comment ça aurait pu être moins pire (et comment j'aurai vu le film).

Déjà, Rodriguez et Nimrod Antal, le réalisateur, disent qu'ils tentent avec ce film quelque chose de différent et se défendent de faire un remake du premier. Le problème c'est qu'on est trop souvent dans la référence à outrance mal exploitée et dans les clins d'œil grossiers au premier film.
Mais ce qui marche dans le premier film ne marche jamais ici.
En fait, Nimrod aurait mieux fait de copier/ coller les techniques de mise en scène de Mc Tiernan, que de copier/ coller les cotés les plus « superficiels » du premier film.

Dès le début c'est la catastrophe. Le film commence par une petite pétarade sans avoir mis au préalable de tension, avant que le tout se transforme en une joyeuse auberge de jeunesse en pleine jungle !
Selon moi, il aurait été dix fois plus intelligent de laisser Adrian Brody seul dans la jungle quelques minutes, voir une bonne partie du premier quart d'heure, histoire de faire monter la tension doucement, de créer un sentiment d'isolement et d'étrangeté face à la jungle avant la première rencontre avec des alliés.
J'écoutais récemment le commentaire audio de James Cameron sur Aliens (dans lequel l'exposition sans pétarade dure bien une heure) où il expliquait que les films d'aujourd'hui ne prenait plus le temps de faire monter la sauce avant le déchaînement de feu (c'est comme les préliminaires en amour).
Quand on commence une scène d'ouverture par un tire de sulfateuse y'a plus de tension parce qu'on a pas assez fait monter la sauce !
Tiernan avait pourtant sacralisé ce concept avec le premier Predator lorsque le commando de Schwarzy rentre dans la jungle...
En fait aujourd'hui les producteurs/ scénaristes/ réalisateurs ont peur de prendre leur temps... et nous balancent beaucoup trop vite de grands coups de mitrailleuses et d'explosions dans la tronche.
Abordons la jungle, tiens ! Ce qui vient appuyer mon propos précédent. Dans le premier Predator, la jungle est un personnage. Mc Tiernan fait des zooms sur des arbres où il n'y a rien et des gros plans sur des visages tendus, le tout sous une musique à l'accent tribal étrange. Ça n'a l'air de rien mais toute l'ambiance est renforcée, il y a une augmentation du suspense, du rythme cardiaque, une tension viscérale sur le spectateur !
Lorsque l'on va voir Predators on sait bien que nos héros vont affronter les predators ! Donc il aurait été plus judicieux de laisser Adrian dans la jungle quelques minutes et de joué sur des faux-semblants, voir une bonne partie du premier quart d'heure, histoire de faire monter la tension doucement, de créer un sentiment d'isolement et d'étrangeté face à la jungle avant la première rencontre avec des alliés et avec une introduction plus tendue des personnages.
Ici l'intro, ça fait vraiment joyeuse partouze dans la jungle...

Les différents personnages maintenant ! Déjà y'en a trop et la plupart sont soient inutiles/ soient sous ou mal exploités.
Quand y'a trop de personnages on ne peut pas tous bien les développer.
L'inconvénient c'est que si on ne peut pas assez bien les développer, le spectateur ne va pas s'y attacher suffisamment et lorsque l'un d'entre eux meurt, y'a pas de tension nom d'une pipe ! Dans Predator, on suit les hommes de Schwarzy, tous charismatiques, durant la moitié du métrage avant que le premier ne se fasse buter (pareil dans Aliens ou Pitch Black), on a le temps de suivre chaque homme en situation et de s'y attacher. Donc là encore, Predators commet une erreur, y'a trop de mort trop vite dont on a rien a foutre...
A la limite, avec un casting de seconds rôles comme ça, il aurait fallut tenter un gros coup de balai façon Aliens avec la moitié qui dégage à la première rencontre avec nos amis extraterrestres.
D'ailleurs ces derniers sont tout aussi mal exploités et à force de les voir trop souvent on n'en a pas du tout peur. Là je me dit que Nimrod aurait dû regarder un autre film de Mc Tiernan pour mettre en scène ses predators : Le 13ème guerrier. En s'inspirant de la mise en scène autour des Wendolls.
Les personnages secondaires mêmes sous-exploités et qui me paraissaient les plus intéressants sont aussi ceux qui dégagent les plus vite, et on garde les plus caricaturaux pour la fin. Entre le psychopathe et le yakuza, y'a pas trop a réfléchir, on est face a des caricatures sans profondeur. Personnage qui semblait un tant soit peu intéressant, celui joué par Laurence Fishburne : son intro est la plus originale de toute et quand je parlais de jouer sur des faux-semblant plus haut, il y avait cent fois mieux à faire avec ce perso qui a une mort des plus débile en échafaudant un plan digne d'un attardé mental pour un mec ayant survécu aux predators aussi longtemps.

En fait les deux seul perso auquel on s'attache vraiment sont ceux joués par Alice Braga et Adrian Brody.
Ils sont intéressants dans la thématique qui les oppose, l'une faisant preuve d'un peu de compassion et l'autre voulant sauver sa peau coûte que coûte (concept sacralisé dans Pitch Black)
Le problème c'est que psychologiquement les personnages sont mal écrits, Adrian Brody étant atteint de schizophrénie aiguë ou tout du moins d'un trouble bi-polaire, le rendant capable de se contredire dans la même phrase (en gros : « oui je suis un solitaire, je travaille seul mais j'ai besoin de votre aide » ; et à la fin où il décide de revenir sauver ses compagnons pour une raison qui m'échappe si ce n'est qu'il est atteint des maladies susnommées.)
En fait, si j'étais scénariste, j'aurai fait mourir tout le monde même Adrian à la stupeur du spectateur, laissant uniquement la fille seule face au predators et ça finit en partouze... heu non... plus sérieusement, j'aurais fait du dernier acte un retour à l'état sauvage de la fille en ayant porté précédemment l'accent sur le danger de la pitié et de la compassion en situation de survie... à la fin, un peu à la manière du premier Predator, elle redeviendrait un être à l'état sauvage abandonnant les derniers reste d'humanité en se transformerait en une impitoyable chasseresse de predators... (oui, oui avec un arc et des flèches et un string léo... heu désolé).
Pour un final hautement réussi dans un film de ce genre, il faut utiliser une recette scénaristique basique : remise en cause du personnage, transformation psychologique du personnage/ entraînement physique, transformation physique / préparatifs et combat final.
Un b.a.- ba depuis Rocky (voir ma critique) mais qu'aujourd'hui on n'utilise plus.
Ca aurait voulu dire réécrire entièrement les 2 personnages d'Adrian et d'Alice en mettant en avant pour le premier son coté égoïste, sûr de lui et macho et pour cette dernière ses faiblesses en tant que femme mais en la transformant à la fin et en reniant ses dernières convictions...
Avouez que ça aurait eut plus de gueule que de voir ce final hautement ridicule !

A merde, on me dit que Cameron avait déjà un peu exploitée l'idée avec une certaine Ellen Ripley...
Mais où Cameron réinventait Alien avec son Aliens, Nimrod fait bien rire Predator avec son Predators.
Altharil
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le 13 nov. 2011

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