Même les predators jouent à Fortnite



  • Il va falloir bosser en équipe.

  • Est-ce qu'on a l'air de gens prêts à bosser en équipe?



Le cinéaste Nimrod Antal est un amoureux ultime du Predator de John McTiernan, à un point où celui-ci oublie de faire un véritable film se contentant de faire une oeuvre hommage du support original. Sa mise en scène, ses personnages, ses actions, sa chanson... tout rappelle immédiatement "Predator". C'est dommage, car le réalisateur présente clairement de bonnes idées, avec une mise à jour stylistique et une expansion intrigante de la mythologie cinématographique de la franchise qui introduit une nouvelle race de Predator. Nimrod Antal avance à un rythme exaltant en introduisant lors d'une scène d'ouverture riche en tension une équipe de tueurs parachutée dans une planète extraterrestre tropicale servant de réserve de jeu pour Predator. Du Fortnite à la Predator ! Le cadre, essaye de nous ramener dans l'ambiance établie par l'original en remettant la créature dans son habitat naturel. Le concept du film est plutôt sympa, prenant à contre pied l'usage de base, puisqu'au lieu d'envoyer un Predator sur Terre pour chasser les humains, les humains sont envoyés sur une planète inconnue gérée par les predators pour être chassés avec d'autres espèces. Nulle part où aller, aucune échappatoire, une construction atmosphérique conférant un suspense appuyé par un sentiment d'inquiétude.


J'aime le look des predators de ce film, plus précisément de cette nouvelle et différente race comparable aux chiens et aux loups, possédant un aspect différent et un style génial où le design des fameux casques est mêlé à des ossements rendant le tout encore plus inquiétant. Chacun des yautjas a son propre style unique, avec une technologie de mort toujours plus dangereuse. Le design original de ces chasseurs est percutant, avec une tronche encore plus dégueulasse et inquiétante. Toutefois il faut reconnaître que cette espèce à l'air bien plus violente que l'autre possédant apparemment les mêmes codes d'honneur que le Predator original. L'idée d'AvP avec une équipe formée de trois chasseurs est conservée et assumée ce qui est cool. On découvre également les Predachiens, une bonne idée malheureusement pas très bien suivis au niveau des effets spéciaux qui se sont révélés trop moches (même si le chara design de base reste sympa).


Niveau action le récit est bien pourvu seulement pas grand-chose de marquant à l'horizon. On a droit à beaucoup de fusillades assurant un spectacle distractif et honnête mais clairement pas impactant. Chaque scène de mort manque d'étincelle, d'originalité et de sang-froid. Le combat final bien que divertissant est abrégé et déjà vu, manquant cruellement de piquant. Pourtant le cinéaste essaye de bien faire en proposant de la nouveauté comme un duel au corps-à-corps entre deux Predator. Une affiche de rêve promettant un combat titanesque et épique que tout fan fantasmait voir un jour. Fâcheusement, le duel est bien trop sage et simple. On se contentera de trois plaquages, deux revers de la main et trois coups de tête, c'est frustrant. Avec bonheur, le réalisateur parvient à se rattraper en proposant la seule séquence d'action qui restera profondément en tête : le duel entre le yakuza Hanzo armé d'un katana contre un Predator armé de sa lame. Un duel au sommet, esthétiquement soigné avec son décor parfaitement adapté pour cette confrontation.




  • Comment on les tue?

  • Comme on peut.




Mauvaise équipe ! ##



Que ce soit au niveau du casting, de l'écriture des personnages, ou encore de l'ensemble des choix débiles dont ils font preuve, rien (ou si ce n'est très peu de chose) ne vient sauver cette unité de bras de casser servant de personnages principaux. C'est regrettable car sur le papier : "envoyer des meurtriers affronter des Predator sur une planète inconnue", a de quoi faire saliver. Malheureusement les personnages sont antipathiques à souhait, on ne s'attache à aucun d'eux, ils ne dégagent rien et les mauvais dialogues ne sont pas là pour arranger le tout. Après l'excellent massif Arnold Schwarzenneger en tant que Dutch pour Predator, ainsi que le possessif et enragé Harrigan incarné par Danny Glover pour Predator 2, on a droit au comédien Adrien Brody alias "Royce le mercenaire" qui... qui... qui... ne dégage absolument aucun charisme. Si Glover et Schwarzie ont su marquer leur passage dans cette franchise c'est de par leur investissement total ! On voit qu'ils se sont donné à fond dans leurs rôles ! Pour Adrien Brody on dirait qu'il est en train de se faire chier. Il est soporifique et inintéressant. Entendons-nous bien, Adrien Brody est un bon comédien, mais il n'est clairement pas à sa place dans ce film. L'écriture autour de son personnage est chaotique. Je ne comprends pas le choix du réalisateur d'avoir choisi ce comédien pour porter le flambeau.


Même constat pour le reste de l'équipe. Oleg Taktarov dans le rôle de Nikolai est une mauvaise réplique de Blaine (Predator 1). Nicolai est à la limite le seul pour qui on a un minimum d'empathie car il a deux enfants dont il parle et montre la photo (on ne peut se rattacher qu'à cela). Danny Trejo en tant que Cuchillo aurait pu apporter plus de panache, malheureusement il disparaît rapidement. Laurence Fishburne sous les traits de Noland est une grosse blague, il est certainement le personnage qui a le plus de potentiel car il dégage un vécu, mais il meurt dans l'indifférence totale en tant que crétin inutile. Topher Grace en Edwin est tout du long présent et finalement anecdotique, son intrigue secondaire est hors de propos et grotesquement amené, du temps perdu pour rien. Mahershala Ali alias Mombasa qui tire une tronche de crispé bizarre, on dirait qu'il essaye de ressembler à Mac (Predator 1), cela en est comique. Lui aussi avait de la réserve, mais pas de bol il est rapidement rayé du récit. L'excellent Walton Goggins avec sa tronche de psychopathe, dans le rôle de Stans le détenu violeur, est limité dans ce rôle qui ne peut rien faire d'autre que tenir une lame fabriquée et faire des blagues autour du viol pitoyable et même pas drôle. Je soupçonne le réalisateur d'avoir là aussi tenté de faire un clin d'oeil à Hawkins (Predator 1). Stans aura tout de même réussi à me faire sourire avec son tatouage de la fille avec les gros nichons qu'il aime toucher et qui n'est autre que sa soeur.


Le problème avec tout ce monde, est qu'on ne s'attache à personne. Lorsqu'ils meurent on s'en moque royalement car le film ne parvient jamais à les rendre intéressant, ni attachant, avec chimie inexistante entre compagnons. Si le cinéaste c'était avant tout centré sur l'écriture de ceux-ci, au lieu de vouloir absolument essayer de recréer l'équipe originale du Predator de John McTiernan en faisant de grossier clin d'oeil, on aurait pu avoir bien mieux.



Cette planète est comme un terrain de chasse et on en est les gibiers.




Royce ! Tire bordel de merde ! ##



Élément qui n'arrange définitivement pas les choses, les personnages font des choix très con et illogique, comme lorsque Royce se retrouve pris en joue par un laser d'un predator. À ce moment-là Stans que l'on pensait mort saute derrière le dos de l'alien et commence à le planter plusieurs fois avec sa lame de détenu, criant en même temps de dégommer le predateur. Réaction de Royce et du reste de son équipe armée jusqu'aux dents : la fuite !
Mais pourquoi ?!
Le predator est coincé incapable de se défendre et il est à un mètre des autres qui n'ont qu'à tirer et faire un carton plein. Même idiotie lors du final, le predator se retrouve projeté et sonné durant plus de 15 secondes après l'explosion d'Edwin que Royce avait truffé de grenades. Réaction de Royce : il attend en face du predator que celui-ci reprenne ses esprits et se relève.
Mais pourquoi ?!
Le pire est qu'il l'attend torse nu, couvert de boue, armé d'une hache et d'une torche. Mais mec, où est la stratégie ? L'intérêt de la technique du camouflage de la terre est justement de prendre par surprise ton adversaire incapable de te voir. Tu foires tes chances en lui montrant que tu t'es camouflé, c'est débile et tu fais cela pour aucune raison particulière. Et arrête de frapper avec ta hache à plusieurs reprises le casque blindé du Predator ! Sur tous les coups que tu lui as donnés, si tu aurais visé une seule fois son cou ou son ventre il était mort.


Je vous entends jusqu'ici : "ce ne sont que des détails", bein non, absolument pas. Les deux premiers films ne commet pas cette erreur, car justement l'intention du récit est de trouver le seul moyen de pouvoir tuer ce monstre qui ne laisse quasiment aucune chance. Faisant monter continuellement l'inquiétude et la tension de cette menace que l'on pense indestructible. Sauf que dans Predators, des chances grossières dont les personnages principaux ne savent visiblement pas se servir, il y en a un paquet. Trop d'idiotie du même genre à regretter tout du long.


Histoire de terminer sur une note positive, l'on peut heureusement compter sur deux personnages sortant du lot, avec pour commencer le comédien Louis Ozawa Changchien, qui dans le rôle d'Hanzo (clairement inspiré du soldat Billy dans "encore" Predator 1), amène un peu de sagesse et d'ossature, avec ce rôle de yakusa quasi muet qui sera à l'origine de l'unique scène d'action réellement marquante du récit. Pour terminer, la comédienne Alice Braga en tant qu'"Isabelle" est la seule à amener de la nuance dans cette équipe. Loin d'être parfaite, elle en demeure pas moins le personnage le plus intéressant du groupe, si bien qu'elle aurait dû finalement être choisie pour incarner le rôle principal de Predators. Face à Schwarzie et Glover elle aurait paru bien moins marquante, mais au moins elle ne serait pas apparu comme inexistante. Physiquement elle rappelle grandement Anna (encore un autre clin d'oeil à Predator 1, décidément).


CONCLUSION :


Predators de Nimrod Antal est une suite prévisible mais divertissante pompant au maximum sur le film de 1987. L'intrigue est dans un premier temps originale puis bascule rapidement dans la non surprise, de par les trop nombreuses scènes "hommage" au film de John Mctiernan. Adrien Brody dans le rôle d'un mercenaire, n'est pas à sa place, ce personnage ne correspondant pas bien à son profil, le reste des personnages sont une mauvaise réplique du commando original dirigé par dutch et en plus ils sont dans l'ensemble stupide. Heureusement ce film s'avère distractif via les nombreuses scènes d'action pas très marquante mais divertissante. Finalement le plus beau travail du cinéaste se retrouve dans l'expansion des predators qui vient encore plus garnir la mythologie du chasseur.


La prémisse du long-métrage est meilleure que le produit final.




  • Qui êtes-vous?

  • Celui qui ne se laisse pas baiser.


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