Raiponce
6.8
Raiponce

Long-métrage d'animation de Byron Howard et Nathan Greno (2010)

Père/Docteur Fosca, raconte moi une histoire

Oyez, oyez bonnes gens, installez-vous en cercle, laissez mirettes et esgourdes être câlinées par le ton suave de ma voix et venez entendre mon histoire. N'ayez crainte, c'est une bien drôle d'aventure qui ravira les bambins comme les pisses froids. Vous voilà prêts ? Fort bien, entamons.


Tout débuta en un lointain royaume à une époque toute aussi éloignée et obscure où légendes, brigands et princesses cohabitaient lors d'innombrables et rocambolesques aventures. L'épopée que je m'apprête à vous conter est de celles-ci, un brin d'ironie en plus, vous me connaissez.


Alors, puisqu'il faut bien commencer par quelque chose et que je vous sens dès lors trépigner ; il était une fois une princesse aux beaux cheveux d'or à qui il arriva moult bricoles. Raiponce qu'elle s'appelait la belle (parce que Rape-Once sonnait moins bien) et dieu sait que son enfance ne fut pas des plus roses... Non pas qu'elle accéda fort jeune à l'Oedipe et termina son existence à zoner sur les relais d'autoroute en quête d'un énième Jean-Eudes à moustache, non non, aucune scène primitive ne traversa sa cornée depuis le berceau où elle était installé...


Alors qu'elle n'était encore qu'un bébé, Raiponce, innocente qu'elle était, se fit enlever par la Mère Gothel, une sombre mégère à la recherche de la jeunesse éternelle. Cette dernière, elle comptait bien la trouver en ce petit enfant, né avec la particularité de détenir cheveux magiques et timbre ensorcelant. Décidant de s'emparer du pouvoir sans pouvoir se séparer de son hôte, Mère Gothel éleva l'enfant comme sa propre fille, à l'écart du monde et de ses dangers, tout en haut d'une imprenable tour d'ivoire. Le roi et la reine eurent beau remuer ciel et terre, la princesse demeura perdue...


A l'orée de sa majorité, tandis que ses journées ne connaissaient plus aucune nouvelle saveur, tout juste une routine illusoire, Raiponce n'oubliait pourtant jamais de rêver. Chaque année pour le jour de son anniversaire (qu'elle n'ignorait pas, par magie sûrement), des étoiles enflammaient les cieux pour illuminer ses yeux. Comme cadeau pour ce jour spécial, Raiponce quémanda à sa mère adoptive l'autorisation d'aller scruter le ciel d'un peu plus près, ce que Gothel refusa catégoriquement avec comme prétexte la faiblesse de l'adolescente face au monde. En conséquence de s'être fait rabrouer sans plus de virulence qu'habituellement, Raiponce ravisa sa fougue "rebelle" de femme libérée et lui préféra le bon vieux capitalisme à papa ; de la peinture blanche. J'entends bien Freud me hurler dans l'oreille qu'à défaut d'avoir le pénis du père, Raiponce choisis le phallus de la mère (une tour, putain !) mais passons.


Dans un concours de circonstances tout à fait incroyable pour la morne vie d'une princesse perdue, voilà qu'un homme fait son apparition dans la tour. Mère Gothel n'est pas là pour empêcher le mauvais objet de pénétrer, Raiponce le rejette alors...à coup de poêle. Si la belle n'en est pas moins pubère, c'est avec méfiance qu'elle découvre l'étranger et sa trogne de prince russe en exil. "Diantre, se dit Raiponce, il n'a pas l'air si terrible cet homme finalement, pourrait-il être celui qui me fera sortir de ma fusion symbiotique d'avec Gothel pour le vaste monde des objets ? Heureusement que sur mes trois bouquins il y en ait un de psychanalyse, hihi !". Sur ce et suite à un interrogatoire avec l'étranger qui n'est autre qu'un voleur de couronne (hum hum...angoisse de pénétration...hum hum...symbolique vaginale...), Raiponce accepte de passer un marché : Flynn Rider, puisque c'est son nom de scène, devra emmener la belle non pas au bal mais voir les étoiles, la ramener avant le couvre feu, sans le petit bécot sur le pas de la porte ou toute autre proposition d'aller prendre un dernier verre dans la chambre parce que tu comprends c'est plus confortable le lit et puis tiens le cd de Barry White qui se lance comme par magie...non rien de tout cela, seulement une entente chaste qui résultera en une remise en main propre de la dite couronne volée. Rider acceptant non sans flegme, l'aventure suivra son cours...mais une prochaine fois...


"Eh, dites ! fit un enfant dans l'assistance. Pourquoi vous ne continuez pas ?
- Hum... Tu es bien impertinent, raclure de chiotte, ne connais-tu pas le plaisir de la découverte ?
- Bah si, enfin non je peux déjà pas attendre une semaine pour avoir un épisode de ma série... Mais, c'est un film votre histoire ! Super connu en plus. Y'a aucun mystère, M'sieur !
- Pourtant la réécriture est ce qui donne au mythe son élan nouveau. Tu crois connaître ce Disney mais tu n'as pas lu entre les lignes et les formidables chansons. As-tu ne serait-ce que percé à jour la nature psychique totalisante et toute puissante d'une Mère Gothel dans son assertion de phallus maternel ou l'as tu juste catalogué comme la méchante de l'histoire ? As-tu vu Raiponce comme une énième nunuche de princesse ou bien comme une adolescente brimée dans ses fantasmes, gravitant autour d'une psychose maniacodépressive ? Je parie que non, gamin.
- Maniacoquoi ? J'ai rien compris !
- C'est pourtant simple... Raiponce incarne avec Gothel la symbiose de la relation utérine, hors du dangereux monde à la manière du Carrie de De Palma. Gothel n'est pas une personne méchante, quoi qu'elle dise, elle est dans l'amour mais aussi son besoin avec une volonté, certes écrasante, mais compréhensive. Le chant intervient comme un dialogue possible des grands principes de la parenté : sécurité au profit de la liberté et amour déraisonné (Gothel dit aimer encore et toujours plus Raiponce, preuve de son amour maternel infini).
- Ouais mais pourtant, Raiponce elle se venge d'elle avec Flynn et tout...
- Oui mais n'oublie pas que l'histoire débute alors que Raiponce s'apprête à devenir majeure, or elle est censée quitter le monde de l'enfance pour celui de l'adulte et ainsi remettre à sa place, à sa réalité, le parent. Elle doit cesser cette illusion parentale au profit d'un objet choisi à l'extérieur, en l'occurrence Flynn.
- Et ses vrais parents ?
- Et bien ça c'est le retour du refoulé, c'est le retour à un amour plus simple. On peut également le voir comme un déni du conflit Œdipien pour lui préférer un espace tout bon. Mais pour cela, Gothel doit périr et c'est lorsque son image se fissure dans le miroir (alors que Raiponce jouait avec pour découvrir quoi faire de la couronne, de sa sexualité, acquise du milieu parental en somme) que l'histoire peut s'achever...
- Wouah ! J'ai pas compris la moitié de ce que vous venez de dire mais c'est chouette sa mère !"

Créée

le 14 mars 2017

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Fosca

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