Take Shelter par Gondorsky
Disons-le sans ambages: "Take shelter" c'est du bon cinéma. Rien moins que ça. Sur le terreau du cinéma indépendant, Jeff Nichols parvient à produire une œuvre qui emprunte beaucoup au cinéma à grand spectacle. Ce n'est cependant pas du "pop corn movie", c'est infiniment plus digeste, plus humble et plus efficace.
Michael Shannon, qui n'en finit plus de se révéler, dans ce film-ci comme dans d'autres, incarne un type qui veut protéger sa famille d'une dévastation dont il est le seul à ressentir les prémices. Dingue ou clairvoyant ? Toute la subtilité du film est de mêler avec brio ces deux postulats dans son développement, pour enfin les fusionner dans une fin très réussie.
Là où "Take shelter" surprend réellement c'est dans l'angoisse qu'il parvient à générer par le biais d'effets d'une extrême simplicité. En s'appuyant sur un certain réalisme social (la famille La Forche se débat pour sa subsistance au même titre que la communauté de petites gens dont elle fait partie) et les aspects psychologiques (la descente aux enfers de Curtis et son impact sur la cellule familiale), l'intrigue développe une menace sourde qui n'est pas forcément celle que l'on imagine.
Le paroxysme est sans doute atteint durant la scène à l'intérieur de l'abri quand il s'agit pour la petite famille d'en sortir.
Je ne parlerai même pas de l'esthétique du film, totalement maîtrisée, qui accompagne merveilleusement son sujet.
Au bout du compte, "Take shelter" hante le spectateur bien après son dernier plan. La marque des grands films, assurément.