"Taken", le film de Pierre Morel sorti en 2008, est tout simplement le film français le plus lucratif aux Etats Unis. Et on comprend pourquoi. Sans être un grand film, "Taken" reste un long-métrage nerveux, basé sur une histoire familiale entraînant un père dans une lutte sans merci, afin de récupérer sa fille kidnappée.
Il y a donc de l'émotion liée à une histoire humaine, du dramatique suscité par la découverte d'un réseau de proxénétisme et une réelle excitation à suivre un ancien agent des services secrets américains dégommer tous les ennemis se dressant sur son passage. Et puis le charisme de Liam Neeson est une valeur sûre pour un film de ce calibre.
De fait, on a eu droit à un film efficace et bien mené. Le film du jeudi soir sur M6 par excellence.

Mais il ne faut pas oublier que "Taken" est un succès commercial, ce qui engendre forcément une suite... Oui mais encore faut-il que ce soit une suite légitime.

Et bien avec ce "Taken 2", on comprend comment on peut réaliser un film creux en se basant uniquement sur la notoriété commerciale de son prédécesseur.
"Cette fois-ci, ils viennent pour lui." : telle est la phrase d'accroche de l'affiche publicitaire. Pourquoi pas. Une histoire de vengeance qui entraîne une autre histoire de vengeance. Ça tient la route. Sauf qu'il faut la pimenter cette nouvelle vengeance. Ce n'est pas le cas ici. Pour résumer, les mafieux albanais pistent Bryan jusqu'à Istanbul. Ils le kidnappent avec son ex-femme. Ils le menacent, lui disent qu'il va souffrir sa race. Mais Bryan est un génie de première catégorie, donc il appelle sa fille pour l'aider à se libérer. Il se libère, tue tous les mafieux en deux trois mouvements. Toute la famille s'en sort. Ils sont contents. Ils trinquent avec un Milk-shake dans un bar en bord de plage. Fin.

Voilà. C'est bref, vide, sans retournement de situation, sans enjeu particulier. On devine tout le film à l'avance. Du coup, on a l'impression que ce film de 1h25 dure en réalité 30 minutes.
C'est navrant... Je ne sais pas, les albanais vengeurs auraient pu en faire baver d'avantage à Bryan, en le torturant ou en jouant avec lui. Bryan aurait pu perdre pied à un moment donné, se retrouver piégé ou autre. L'histoire annexe du réseau de proxénétisme aurait pu faire l'objet d'une intrigue particulière... Bref, avec le réservoir scénaristique du premier volet, il y avait de quoi remplir d'avantage les lignes de ce deuxième récit.

Mais non, on ne se casse pas la tête et on met juste en scène un gus qui castagne du vilain, sans réelle intention dramaturgique.
Par ailleurs, même l'action est bâclée dans ce deuxième volet. Dans "Taken", on grinçait des dents en voyant Bryan casser des bras, enchaîner les uppercuts sèches dans le ventre de son adversaire, ou encore mettre des headshots radicaux. Ici, on sent que Bryan a pris de l'âge et du bide, de telle sorte qu'il en devient ridicule quand il essaye de faire son Neo en contrant les coups de ses ennemis avec un bâton.
Et puis c'est tellement gros... Même si "Taken" n'y allait pas avec le dos de la cuillère dans la surenchère d'action, on pouvait toutefois y trouver un intérêt. Dans "Taken 2", Kim, la fille de Bryan, dégoupille des grenades en plein Istanbul pour aider son père à se repérer et elle se transforme en Sébastien Loeb lorsqu'elle se retrouve en course-poursuite avec les flics. Bref, vous voyez le tableau...

"Taken 2" est un "Direct to DVD" : un film sans saveur, sans intention, sans intérêt. Ah si pardon, gonfler un peu plus les recettes engagées par son prédécesseur.
Théo-C
2
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le 3 oct. 2012

Critique lue 702 fois

8 j'aime

Théo-C

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