L'antihéros, ce mot, vu et revu de part tout le cinéma internationale et de tous les temps. Mais il est là! Le vrai, le pur antihéros! Pourquoi? Parce qu'il est celui avec qui l'on est mal à l'aise de passer autant de temps. J'avais envie de crier au sénateur - qu'il emmène en taxi et à qui il expose, simplement et oh avec tant d'innocence ses idées politiques ignobles tant elles sont trempées par un négativisme puant - qu'il me sauve, que je ne suis pas d'accord avec cet homme malgré le fait que je vois les mêmes choses que lui!
Et commence alors la préparation du "héros"! En se regardant dans le miroir, tel un adolescent qui a envie de se prendre pour Dieu pendant un instant tant il est persécuté à l'école, Travis se prépare à devenir le héros de l'humanité. Mais là est le génie: Son premier acte de terrorisme est incompréhensible tant il est ignoble, ne sauvant en rien l'humanité justement, semble juste n'être finalement qu'un acte de vengeance contre la femme qui le rejette... Et parce que cet acte échoue, il va commettre l'acte qui le fera aduler par tous, ça y est, tout le monde le respecte, comme prévu.
Devenu héros à moitié malgré lui, derrière l'écran, je le hais, je boue, ma bouche en tombe.
Et ça y est, c'est moi qui devient seule contre l'humanité, à connaître plus en profondeur celui que tout le monde adule dans le journal.
Un goût amer me reste dans la bouche, mais pas seulement. Moi, je sais ce que je ne veux pas être, je contrôle mieux ma vie que lui ne la contrôle, et mes valeurs. Au moins, ce film a le mérite de me montrer ce que je ne veux pas être, en me le faisant cottoyer de si près. Comme un virus que l'on doit guérir, maintenant.