C'est le premier film que j'ai vu d'un de mes réalisateurs favoris actuellement, j'ai nommé le britannique Christopher Nolan. Mon premier film sur Batman, et alors tout le monde me recommandait le Batman de Burton (dont finalement je ne connais que la sublime mélodie de Danny Elfman), désolé les puristes, mais j'ai commencé par le plus connu mais aussi le plus réussi. Une très belle claque de la part de Nolan, qui repart après les événements de Batman Begins, que je n'avais pas vu mais en fait je m'en foutais, on rentre très bien dans le film.
Avec une caméra fluide et très bien posée superbement cadrée à la Michael Mann, la scène d'introduction nous met déjà dans le bain. Le scénario très intelligent et terriblement noir nous dépeint un Gotham corrompu, en proie à des doutes existentiels sur l’ambivalence de la justice, entre l'affirmation d'un nouveau méchant venu de nulle part et la position controversé du chevalier noir, sert à une réalisation résolument moderne, à la fois survoltée et maîtrisée, le tout avec une construction remarquable d'une ambiance géniale au possible, chaotique, vacillante, et avançant crescendo dans l'obscurité. Une photographie parfaite, une musique prenante, un montage excellent, un suspens implacable jusqu'à un final renversant, des jeux de lumière et des effets spéciaux irréprochables, le tout avec une direction d'acteurs impeccable où chaque personnage souffle tout en retenue une profondeur inattendue et une personnalité complexe : le cas d'Harvey Dent est le plus évident, mais Batman est en plein doute et l'avènement du Joker le pose en méchant méga badass, cultissime et sur le fil à chaque phrase.
C'est surtout les interprétations, parlons- en des interprétations ! Les interprétations sont juste exceptionnels : si Michael Caine et Morgan Freeman, figures logiques de la sagesse et de la classe, en imposent, je dois avouer que Christian Bale joue plutôt bien un Bruce Wayne qui se remet continuellement en question, Aaron Eckart et Gary Oldman sont tous simplement géniaux, mais la palme revient évidemment à Heath Ledger, dont l'interprétation grandiose du Joker éclipserait presque celle de Nicholson. Tout son rôle est instantanément mythique. Chaque apparition est mémorable, il vole la vedette à tout le monde (bien servi par la réalisation et le cadrage), chaque scène et réplique qu'il fait est culte, chaque mimique est génialement trouvé. La folie du personnage est formidable puisqu'elle se retrouve dans l'acteur. Heath Ledger EST le Joker. De part sa durée d'entrainement (s'enfermer et se droguer dans une chambre d’hôtel pendant plusieurs jours et parfaire la voix du Joker pendant de très TRES nombreuses heures), ses conditions de tournage (la légende veut qu'il voulait être appelé "Joker"), sa véritable plongée dans la folie de l'âme humaine (tenir un journal de bord pour que son personnage s'inspire d'Alex Delarge et d'Hannibal Lecter), bref tout était parfait pour l'interprétation fiévreuse et survoltée d'un acteur au bord de la folie.
S'il est bien l'attraction du film, Nolan a le mérite de le mettre un peu en retrait pour mettre en image la corruption et la ville, à l'image du héros, qui sombre dans une dépression progressive et un rejet des valeurs traditionnels face à l'inefficacité de la justice et à l'ambivalence du chevalier noir.
Le Joker le dit bien à Batman : "nous sommes pareils". Ils sont 2 facettes d'une même personne, ils se complètent. C'est bien pour cela que Bruce Wayne a tant de mal à savoir où aller. Et c'est pour cela qu'il se fait manipuler en beauté par la folie incarné, comme nous, pauvres spectateurs, allant de rebondissements inattendus et haletants nous alimentant une fascination de plus en plus accentué à ce Joker, symbole du chaos absolu. Leur relation est juste géante.
Le côté policier et brutal de The Dark Knight, très bien construit à coups de plans et de mouvements de caméra grandioses, nous entraîne dans un monde rongé par l'intérieur, le mal s'y engouffrant dans toutes les fissures, prêt à faire éclater cet espoir d'un protecteur fantasmé, d'un chevalier noir.
Un chef d'oeuvre du genre, un sommet dramatique et réaliste du genre, et peut- être le meilleur film de super- héros tout court. Tout simplement.

Mathieu_Renard
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 10 août 2015

Critique lue 214 fois

1 j'aime

Matt  Fox

Écrit par

Critique lue 214 fois

1

D'autres avis sur The Dark Knight - Le Chevalier noir

The Dark Knight - Le Chevalier noir
Hypérion
8

Un Joker au panthéon, un Batman de grande envergure

Pas encore remis de son dernier opus The Dark Knight Rises qui me fait encore trembler de rage mal contenue en y repensant, j'ai pris le risque de revoir son illustre prédécesseur, histoire de...

le 21 août 2012

100 j'aime

22

The Dark Knight - Le Chevalier noir
Sergent_Pepper
9

« Je suis une farce qui va »

Plus d’une décennie après sa sortie, et le triomphe presque sans partage des super-héros sur le box-office mondial du blockbuster, The Dark Knight reste une exception à plus d’un titre. Pour peu...

le 28 mars 2020

84 j'aime

9

Du même critique

Jurassic Park
Mathieu_Renard
10

Welcome to Jurassic Park !! - J'ai dépensé sans compter - Tout le monde s'en fout... - J'en ai marre

Un soir de 2002. A l'aube du DVD et la fin des VHS pourris, mon père me prend à un vidéoclub (temps déjà révolu) la VHS de Jurassic Park. Je découvre pour moi ce qui va être un des meilleurs films de...

le 30 nov. 2014

8 j'aime

3

Interstellar
Mathieu_Renard
10

Waow. Une claque.

Après le dernier plan final, Interstellar se termine. Quelques personnes commencent à applaudir, applaudissements des personnes à côté de moi, je commence à applaudir, applaudissements de la salle de...

le 9 nov. 2014

7 j'aime

Midsommar
Mathieu_Renard
7

Le film de l'été 2019. Etrange, malaisant, et fascinant.

Ari Aster, que tout le monde connaît maintenant car il est le réalisateur d'Hérédité il y a à peine un an, revient avec son second film Midsommar, un film sur un festival bien particulier d'une...

le 17 juil. 2019

5 j'aime