L'emblème d'un puritanisme assaisonné à l'eau de rose, aussi insipide que redondant...

Au cinéma, il y a des films qui tendent les bras aux critiques assassinent, leur chatouillant presque le bout du pied pour qu'ils frappent plus encore... Il faut être fort, très fort, pour résister au Chapitre 4 de Twilight, véritable chef d'œuvre d'ennui, et de mièvrerie.

Le quatrième chapitre de la saga détonne notamment par la platitude de son scénario. Il ne se passe rien, mais absolument rien, pendant plus de la moitié du film. En fond, une plage musicale moins audacieuse que la musique d'un ascenseur à Sofitel. A l'écran, des acteurs plus fardés qu'une voiture volée. On comprend alors la tragédie qui se joue devant nous : un budget de presque 127 millions de dollars, et pas un seul maquilleur à la hauteur... Au mariage, le personnage principal reste la robe de Bella, les autres membres des diverses tribus tenant lieu de figurants. L'histoire, elle, semble s'endormir sur elle-même, et l'on suit péniblement nos deux amoureux jusqu'au fameux coït... immédiatement abrégé par un pudibond fondu au noir.

Ce Twilight porte donc haut et fort l'emblème d'un puritanisme assaisonné à l'eau de rose, aussi insipide que redondant... C'est alors qu'une angoisse prend à la gorge du spectateur : pourquoi, mais pourquoi fallait-il diviser le livre en deux parties ? Mais le chapitre un n'est pas encore achevé et approche de son coup de théâtre : Bella tombe enceinte ! Après un tel soubresaut, on comprendra que, essoufflé par cette intrépidité scénaristique, le film replonge immédiatement dans son rythme de croisière.


Il ne serait pas juste de ne pas saluer à ce propos la transformation de Bella, plutôt convaincante et réussie (sa maigreur est saisissante). C'est d'ailleurs tout ce qui joue pour elle, dont l'interprétation frôle la parodie, très loin de la légèreté du premier opus. Le jeu est lourd, et on découvre un Robert Pattinson dont l'ennui crève l'écran, et qui ne semble même pas se donner la peine de jouer. C'est finalement Taylor Lautner (dans le rôle de Jacob) qui s'en sort le mieux malgré l'obstination des scénaristes à abréger tout ce qui pourrait donner un semblant de densité au film. Bella est accueillie dans une belle famille qui, sans un haussement de sourcil, se propose de mourir pour elle. Une légitime inquiétude du père (Billy Burke) quand à la santé de sa fille : un coup de fil et on en parle plus. Même un loup garou trahissant sa meute ne semble pas susciter plus d'intérêt que ça. Restent Bella et Edward se regardant amoureusement. Encore. Et encore. Un zeste de nuance n'aurait pas été de trop dans la conception de ces personnages manichéens et monolithiques.

La seconde partie du film ressemble étrangement à un spot de propagande anti-avortement, mettant en scène une jeune fille préférant mourir plutôt que d'avorter, et ce contre l'avis médical de son beau-père. Autour d'elle, un Robert Pattinson stoïque et malheureux, et un Taylor Lautner qui grogne et court dans tous les sens. De prodigieuses scènes de copié-collé arrosent cette seconde partie, sous forme de flash d'images mal numérisées, qu'une voix off s'applique à nous expliciter. Quelle surprise alors de découvrir un accouchement qui s'essaie au gore, pas trop mal réussi au niveau de la réalisation, quoiqu'un peu frileuse (on s'en tient au point de vue, très flou, de Bella). Allez, un bon point pour la tentative. Mais le spectateur averti ne pourra que se désoler sans comprendre : est-ce bien là Bill Condon, réalisateur de Dreamgirls, et scénariste de Chicago ?!

Pour ceux qui ne tiennent pas à perdre une petite somme dans ce film, direction la bande annonce : tout y est, mieux rythmé. En résumé, Twilight Chapitre 4 – Révélation (1ère partie) est incontestablement un film à aller voir les yeux fermés... A condition de ne pas les rouvrir pendant la séance.
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le 27 nov. 2011

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