Dramatique, comique et fantastique, le tout enrobé dans un canevas scénaristique de choix.

Achetez un ticket, calez-vous dans votre fauteuil et laissez-vous faire : Coppola s'occupe du reste. À ceux et celles qui aiment les histoires, les vraies, être mené(e)s par le bout du nez, Twixt sera un grand bonheur.
La voix de Tom Waits (en off) les hypnotisera dès l'introduction, selon la bonne vieille méthode du « Once upon a time » tandis qu'un travelling de la caméra les conduira à travers les rues d'une petite bourgade américaine apparemment « sans histoire ».

Les apparences sont trompeuses car Twixt est justement un conte sur l'Histoire, au sens large du terme et sur les traversées que chacun emprunte pour construire, pour inventer sa propre histoire.
Hall Baltimore, un écrivain en mal d'inspiration (Val Kilmer) se creuse la cervelle pour découvrir la trame de son futur roman. Cette quête de la fiction va l'entraîner sur les traces d'une autre histoire, la sienne et celles d'enfants mystérieusement disparus...

Le film se partage entre les moments d'éveil et de rêve de Hall Baltimore qui semble avoir autant à apprendre, si ce n'est plus, de ses rêves que de la réalité. Dans ces fameux rêves, dont l'esthétique rappelle celle de Tim Burton de par son caractère fantastico-gothique, Hall rencontre plusieurs personnages (une jeune fille incarnée par Elle Fanning, un écrivain célèbre – un genre de dandy Achéron...) qui vont le mettre sur la piste de ce qu'il recherche, le détourner de sa première quête pour le faire s'engager dans une seconde, plus intime et plus essentielle.

Ces scènes de rêve, tournées en nuit américaine, recèlent une magie et une grande mélancolie. Avec leurs paysages de forêts fondues au bleu d'où n'émergent que les rouges et or vifs, elles sont le versant poétique du film, une allégorie du subconscient de Hall. Qu'apprendrons-nous sur lui ? Qu'apprendrons-nous de nous-mêmes au final ? Car le parcours initiatique de Hall Baltimore pourrait être celui de chacun(e) d'entre nous.

Coppola propose un mouvement d'inversion, en ce qui concerne la création. Il remplace l'idée d'innovation (la fabrication de quelque chose d'entièrement nouveau et donc tourné vers ce terrain vierge – et vide ? – qu'est le futur) par celle d'une introspection et de reconnaissance de ce qui s'est déjà produit. La fiction se présente alors comme une exploration souterraine, un retour à la source. Le processus de création nous conduirait nécessairement à nos propres racines...

Le thème de la paternité qui infiltre toute l'œuvre de Coppola est donc, une fois de plus, présent. Mais ces considérations de fond ne doivent pas faire oublier que le film est drôle, truffé de situations burlesques. À la croisée des genres, Twixt explore tout à la fois le registre dramatique, comique et fantastique, le tout enrobé dans un canevas scénaristique de choix.

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Auteur : Louna
LeBlogDuCinéma
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Créée

le 30 mars 2012

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