Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con ...

Quand on est con - Tonton Georges


À 14 ans est le constat terrifiant de tout ce qui ne va pas ... dans le cinéma. Je te jure, lecteur de mon cœur, j'ai tellement eu mal au palpitant devant la réalisation de ce film - faut bien lui trouver un qualificatif - qu'à la fin, dans un coin de mon cerveau tout entier dirigé par la haine, je me suis demandé si par pitié je devais pas créer une association pour aider les réalisateurs et réalisatrices manchots qui viennent de découvrir le zoom.


L'ARRMVDZ, que ça s'appellerait, même.


En dehors des talents de réalisation de l'actrice Hélène Zimmer que je m'amuserai à descendre à coup de canon plus tard dans ce petit pamphlet, j'voudrais bien commencer par fustiger les critiques - si, ils sont payés pour ça, appelons-les critiques - qui ont vu dans ce film une révolution, un belle œuvre, ou même tout simplement un film. Comment ne pas bondir devant les pavés masturbatoires des onanistes du Parisien et autres torchons qui nous assassinent à grand coup de



Il faut une verve sauvage et sans tabous pour raconter au cinéma l'adolescence d'aujourd'hui : car ces jeunes gens et jeunes filles trahissent, par leur langage, les excès de leurs fêtes ou l'arrivée des choses de l'amour, un mélange de violence et de crudité affreusement précoces, seul moyen, semble-t-il, pour trouver leur place dans un monde où ils se sentent en porte-à-faux.



Ah par Sainte Thérèse de Calcutta - oui, elle est sainte maintenant - dès les premières lignes on se demande si on a pas crevé les yeux au type qui a regardé cet étron, ou pire, si le ministre de la culture ne fait pas de gros chèques pour promouvoir le cinéma hexagonal moribond.
Petit aparté, tiens, parce que vraiment me taper des films de ce genre ça me colle une espèce de hargne qu'il me faut coucher par écrit pour l'exorciser, mais regarder des films français moi on ne m'y reprendra plus. Alors oui, on va me dire que j'suis un sale anti-français, un pas patriote cinématographique, que quand même y a plus dans le paysage culturel de notre belle patrie que le cinéma à Papa, que les mandales d'un Ventura sur la binette d'un Blier, et que de nos jours on fait des chouettes trucs quand même.
Sûrement, je vais te dire, sûrement. J'imagine qu'un Dupieux ou qu'un Audiard ça doit plaire, que c'est sympa et plus si affinités - j'ai bien envie de voir Réalité - mais quand je vois la quantité de déchets qu'on nous décharge sur la tronche par palette de cinq cent, ça vous donne envie, vous, d'aller soutenir notre exception culturelle ?!!


Bon, je meuble, je meuble, mais il faudrait que je commence à t'entretenir de À 14 ans quand même. Parce que toi tu es venu pour savoir pourquoi ce film me fait doubler la taille de mon artère temporale à m'en faire exploser le crâne.
Premièrement, t'es-tu senti toi comme un vieux con ? Le genre qui regarde TF1 et tombe en plein milieu du JT de Pernaut sur un reportage qui dénonce la jeunesse pétaradante en scooter qui fait rien qu'à faire des conneries ? Le genre de vieux qui gueule à 21 heures parce que y en a qui voudraient dormir, merde !


Pendant une heure trente je me suis demandé si on pouvait pas égorger tous ces imbéciles de quatorze ans, crades, ingrats, bruyants, égoïstes, hurlants leurs problèmes insignifiants dans mes oreilles de convalescent dans une cacophonie indicible, éructant leur sabir de jeunes avec leurs boloss - passé de mode chez nous depuis 2005, mais bon - tout en s'insultant à chaque mot, en se haïssant tout en reportant la faute sur tous leurs proches, en s'écharpant pour des sornettes, des raisons de pacotilles.
Je suis sensé m'attacher, m'attendrir, quand la caméra me gratifie d'un zoom en plongée sur l'héroïne pleurnichant avec le talent d'un crocodile atteint d'une hyposécrétion du canal lacrymal alors qu'elle passe sa vie à déféquer allègrement sur ses amis, à répondre à ses professeurs avec autant d'aplomb que de mauvaise foi, à hurler sur une mère bien désemparée et qui ne semble pas avoir le droit de vivre sa vie. Alors à 14 ans, ça fait quoi de sa vie, un ado' de cinéma ? Et bien ça boit plus qu'un allemand de 120 kilos à l'oktoberfest, ça fume, ça insulte professeurs et camarades, ça baise dans des scènes d'une intensité à faire passer un épisode de Hélène et les Garçons pour un Salò ou les 120 Journées de Sodome, ça tire la tronche face caméra, en gros plan de préférence.


Alors je me suis dit que c'était un parti-pris, de montrer le conflit générationnel puisque les ado's de quatorze ans ne comprennent pas les adultes, les professeurs, leurs parents, qu'ils ne se comprennent même pas entre eux, que tout se règle en se hurlant dessus plus fort qu'une poissonnière à la criée un vendredi matin, qu'ils se déchirent pour un oui et s'aiment pour un rien. Zimmer elle a tellement bien réussi à véhiculer l'incompréhension que le spectateur lui-même ne va rien comprendre à rien et suivre une histoire ... non tiens, une absence d'histoire, comme la tranche de vie insignifiante de trois imbéciles et leur quotidien insipide, avec leurs tarés de copains qu'on veut même pas voir en image. Je dois pas réussir à m'identifier parce que moi, à 14 ans, je tapais pas trois litres de vodka dans la maison géante de mes parents avec mes cent cinquante potes tout en étant trop blasé de la vie qu'elle est nulle, que je m'enfilais pas des beuzs avec mes amis en jouant à la ps4 puis en essayant de virer l'odeur cinq secondes avant que maman arrive en espérant faire illusion.


C'est pas la jeunesse qui est conne, que je me suis dit à la fin, c'est les cons qui le sont. À tout âge, il ne s'agit pas d'un problème générationnel comme nous le serine à longueur de temps les médias et nos politicards qui veulent refonder notre tissu social ou je ne sais quelle connerie vide de sens, non, c'est juste que j'ai toujours eu du mal à comprendre les crétins, mais de toutes les générations. Et que j'ai toujours entretenu a leur égard des pensées peu amènes, pour taper dans l'euphémisme.


Heureusement Hélène Zimmer se rattrape derrière la caméra, comme nous le prouve encore une fois nos amis du Parisien



La caméra s'infiltre, s'immerge dans ces impatiences incandescentes, livrées à elles-mêmes et à fleur de vie. Elles observent les visages, leur beauté, leur peau et leur jeunesse déjà mise à dure épreuve par les excès d'alcool et de tabac.



...


...


Je me suis rarement autant foutu d'un cameraman que devant cet étron, personnellement, mais je dois être un butor ignare.
Je n'avais pas compris que les zooms et retours-arrière aléatoires, les à-coups incompréhensibles et les détails insignifiants mis en avant était en fait un parti-pris esthétique avant-gardiste. Moi qui pensais que la réal' venait de découvrir le zoom sur sa caméra, je dois être un indécrottable cynique.


Bien, en guise de conclusion, un film d'imbéciles pompeux qui traite de crétins égocentriques ça ne donne pas tout le temps un chef-d’œuvre, n'en déplaise au Parisien. On me balance à la gueule une bande d'idiots comme il en existe tant sans autre but que de filmer aléatoirement ce qui leur arrive au fil des saisons, dans un espèce de métrage nombriliste comme traitement cathartique de l'adolescence de la réalisatrice, et moi, je m'en tamponne joyeusement le coquillard de vos trois héroïnes dont j'ai oublié jusqu'au nom, de vos acteurs qui n'en sont pas et ça se voit, ça fait pas naturel ça fait juste affreusement moche et mal joué, de vos problèmes à deux ronds, de vos coucheries insignifiantes, de vos poumons qui doivent être noirs tellement chaque plan comporte une cigarette et que ça m'a donné envie de fumer pendant TOUT le film...
Comment ça, un film sur la construction de l'identité féminine par rapport aux garçons ?

Petitbarbu
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le 9 sept. 2016

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Petitbarbu

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