À bord du Darjeeling Limited, le cinquième long-métrage de Wes Anderson, s'insère à merveille dans la filmographie de ce cinéaste à l'esthétique reconnaissable entre mille. Ici encore Anderson nous propose un style emblématique (tant visuel que scénaristique) entre couleurs flamboyantes, personnages burlesques mais touchants et plans d'une précision rare.
L'introduction, déjà, est magistrale avec un Bill Murray en slow motion qui tente de rattraper le train dans lequel il doit monter mais qui est dépassé par un jeune homme, Adrien Brody, qui, lui, parvient à sauter dans le train en marche au rythme d'une bande originale croustillante. Ainsi, dès le départ, nous comprenons que le burlesque et la loufoquerie seront les clés pour appréhender ce film. Mais, comme dans tous ses métrages, Anderson ne s'arrête pas là. Si il y a burlesque c'est avant tout pour faire contraste avec les problèmes des personnages, ici en deuil et en quête d'une figure maternelle. Aussi, À bord du Darjeeling Limited reprend bien l'intention première du cinéaste dans tous ses films qui consiste à aborder des thématiques fortes à la lumière d'un style déjanté et loufoque. Or, c'est précisément ce contraste qui permet à ces films d'exceller et À bord du Darjeeling Limited n'en est pas une exception.
Ici, le voyage est à la fois symbolisé par l'expédition en Inde des personnages mais également par leur souhait de faire un voyage spirituel afin de se réconcilier et de laisser le passé derrière eux. Le voyage est donc le pont qui relie la nostalgie des trois frères au burlesque de leur expédition. La fin du film est un parfait exemple de cette douceur loufoque : les frères embarquent de nouveau dans un train après s'être symboliquement débarrassés des affaires de leur père puis une musique retentit : Les Champs-Élysées de Joe Dassin. Jamais aucune absurdité n'avait eu un goût si charmant.