Death Note
Après la vie, l’amour, vient le deuil. Avec l’incroyable A Ghost Story, David Lowery tente de chercher cette petite étincelle d’humanité qui survit après notre mort, à travers la tristesse de...
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En cette fin d’année, propice aux bilans cinématographiques et aux traditionnels classements, il s’agirait dans ces exercices de ne pas oublier « A Ghost Story ». Car oui, 2017 ne saurait se conclure sans rendre hommage à l’un des films les plus singuliers vu cette année.
Bien sûr, ses détracteurs ne manqueront pas de relever son côté film indépendant pour hipsters qui peut agacer et certains procédés un peu trop arty, comme le format 4:3 et les angles arrondis de l’écran - en soit ce n’est pas dérangeant mais il est légitime de questionner le message derrière ces choix artistiques - ou la photo argentique et le cadrage précis qui donnent un aspect instagramable au film, souvent un peu trop ostentatoire ou les plans séquences parfois étirés à la limite de la caricature – la pertinence de la scène de la tarte peut être prétexte à débat . Mais ça n’en reste pas moins joli et ces petits tics de langage cinématographique ne permettent pas d’effacer ni le propos fort, ni la poésie de ce film.
Impossible de ranger « A Ghost Story » dans une catégorie spécifique, ni drame, ni fantastique, ni épouvante, l’on pourrait le ranger au mieux dans la catégorie film métaphysique, aux côtés de « Tree of Life », dont il partage l’ambition démesurée, mais de manière beaucoup plus modeste et moins tape à l’œil, de traiter de sujets a priori impossibles à filmer. Difficile également de tenter de résumer ce film. On pourrait, pour les besoins de l’exercice critique, exposer le pitch de départ de cette manière : « A Ghost Story » raconte l’histoire d’un couple, dont l’homme, Casey Affleck, meurt et revient hanter sa veuve, Rooney Mara, sous forme d’un fantôme en drap blanc. L’idée de représenter ce fantôme de la manière la plus classique et la plus enfantine qu’il soit, un drap blanc avec deux trous pour les yeux, peut paraitre simpliste voir désuette, mais il s’agit d’une des meilleures idées du film car elle permet à la fois de revenir à notre représentation primaire du fantôme et de construire des plans particulièrement esthétiques telle la déambulation de ce long drap blanc dans les couloirs de l’hôpital, le décalage de sa présence au milieu d’un immeuble en chantier, ou d’un paysage désert, autant d’apparitions sublimées par la beauté simple de cette figure naïve.
Le film ne cesse de nous surprendre, sans savoir à quoi s’attendre, on pourrait anticiper à son commencement, une banale histoire de maison hantée, puis après la mort du mari , on pense que le film va s’orienter vers une histoire d’amour post mortem impossible, à la « Ghost » et heureusement il n’en est rien, les véritables thématiques du film se relevant petit à petit, et laissant le spectateur dans un magnifique désarroi, l’invitant à réfléchir a des sujets que le cerveau humain préfère d’habitude éluder tant penser à la mort, à l’éternité, à la vacuité de notre existence et à l’infini, est douloureux, Woody Allen disait bien d’ailleurs que « tant que l'Homme sera mortel, il ne sera jamais décontracté ».
Bien qu’à tendance nihiliste, l’une des rares scènes non-muettes du film, montrant d’ailleurs un personnage expliquer pourquoi vivre, créer et transmettre sont vains, la poésie folle que dégage le film nous incite à croire que les moments de grâce qui jalonnent nos existences suffisent à rendre celle-ci nécessaires, et ne sont indispensables que parce-que elles sont vaines et temporaires. La longue chute qu’est l’immortalité, la vacuité de l’existence éternelle nous permettent de remettre la citation de Woody Allen en question, finalement, l’Homme ne peut être décontracté que parce-que il est mortel.
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le 18 déc. 2017
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