A Good Day to Die
A Good Day to Die

Documentaire de Lynn Salt et David Mueller (2010)

L'American Indian Movement, tel que raconté par Dennis Banks et d'autres participants.


Né en 1937, Banks fut comme les autres enfants de sa génération enlevé à ses parents avant l'âge de dix ans pour être élevé dans une pension, abandonner sa langue (sous peine de châtiment corporel) et devenir ouvrier. La fugue était le seul moyen de revoir sa famille au long de ces années de dressage.


Il entama une carrière dans l'armée, à laquelle l'avait préparé la discipline du pensionnat. Au Japon, il participa à la répression violente de la population opposée à l'extension du camp militaire "Yokota", à Sunagawa. Les locaux obtinrent finalement l'annulation de l'extension de la base aérienne.


Il se souviendrait de cet exemple, qui le fit renoncer à la carrière militaire. Il partit vivre à Minneapolis, Minnesota, devint chômeur et alcoolique, et fut incarcéré à cause d'un larcin stupide. Les Indiens constituaient 10% de la population de la ville, mais 70% des personnes incarcérées. En prison, il s'instruisit sur l'histoire des peuples natifs (en particulier Ojibwa par Earl Warren), et vit les défilés pour les droits civiques à la télé. Libéré après deux ans de prison, il fit partie des fondateurs de ce qui deviendrait l'AIM.


Leur première réunion eut lieu le 28 juillet 1968.


A Minneapolis, les flics avaient l'habitude de faire des descentes dans les bars fréquentés par les indiens, d'en embarquer une poignée et de leur faire porter le chapeau pour des crimes non résolus. Un soir, l'un d'entre eux, cardiaque, mourut après un coup de matraque dans le ventre.


Clyde Bellecourt, autre membre fondateur de l'AIM, témoigne que l'événement l'a incité à instiguer une "politique de confrontation". La moitié des membres ne suivit pas, mais Frances Fairbanks (directrice du centre Indien-Américain de Minneapolis au moment du tournage) confirme que leur marche sur le commissariat et les bâtiments scolaires fut efficace contre la violence policière.


George Mitchell et Lehman Brightman, autres membres fondateurs, se rappellent lorsqu'ils ont suspendu la banderole "Sioux Indian Power" sur les statues du Mont Rushmore, construites sur une terre sacrée.


Ensuite Wilmer Mesteth, Lakota, évoque le meurtre de Raymond Yellowthunder à Gordon, Nebraska. Le rapport d'autopsie le prétendait mort de froid. Sa famille demanda l'aide de l'AIM. Un défilé d'un millier de personnes permit la condamnation des deux frères qui l'avaient tué.


Ensuite, Dennis Banks relate son déplacement dans la réserve de Rosebud dans le Dakota du sud, afin d'être initié par Henry Crow Dog. Le fils d'Henry, Leonard Crow Dog, devint le conseiller spirituel de l'AIM.


Deux ans après, Russell Means, Lakota, venait se joindre à un powwow de l'AIM.


En 1972, l'AIM décida d'organiser deux caravanes en partance pour Washington DC, depuis San Francisco et Seattle, qui recruteraient dans les réserves le long du chemin pour se réunir dans le Dakota du sud. Le "Trail of broken treaties" se rejoignit à Pine Ridge et arriva à Washington en novembre 1972 dans le but de rencontrer l'administration du Bureau de la santé, éducation et aide sociale.


Arrivés au Bureau des affaires indiennes du Département de l'intérieur, ils découvrirent que leur présence était indésirable, et décidèrent d'occuper le bâtiment.


Ladonna Harris, Comanche et épouse de sénateur, rapporte quel rôle d'intermédiaire elle a joué.


Il en résulta un programme en vingt points, présenté au Congrès.


Selon Clyde Bellecourt, la plupart des revendications ont été votées.


Trois mois plus tard, en février 1973, il est décidé de se rendre à Custer (Dakota du sud), à la suite de l'assassinat de Wesley Bad Heart Bull. Le juge continue jusqu'à aujourd'hui de le considérer comme le résultat d'une bagarre alors que deux jours avant, le meurtrier exprimait son intention devant seize témoins.


Le 6 février 1973, retenus par des barrages de police, des membre de l'AIM réussirent quand même à rencontrer le juge qui maintint l'idée d'une mort accidentelle ; des confrontations en résultèrent avec la police.



Ensuite fut décidée l'occupation de Wounded Knee.




Le documentaire ne mentionne pas la famine dont souffraient de nombreux Amérindiens, depuis qu'après la guerre avait été décrétée leur sortie des réserves pour leur intégration, alors que l'accès au travail salarié leur était refusé, et qu'ils ne bénéficiaient plus des aides gouvernementales. L'AIM voulait donc revendiquer les droits des natifs à pêcher, chasser, accéder à une eau potable pour assurer leur subsistance.



L'AIM fut sollicitée par des habitants de la réserve de Pine Ridge, soumis à la terreur qu'exerçait le bureau des affaires indiennes dirigé par Dick Wilson et ses "goons" ("gardiens de la nation Oglala").


Roselyn Jumping Bull, arrière petite-fille de Sitting Bull : "Nous avons pensé que leur venue serait une bonne chose, pour nous aider. Personne d'autre ne nous aurait aidés."


Tashina Banks : "Mon père, Dennis Banks, tint une rencontre au centre communautaire."


: "Je veux vous dire que l'épine dorsale du mouvement des droits civiques indiens n'était pas les hommes, c'était les femmes."

Clybe Bellecourt : "Nous fûmes confrontés à une dame nommée Gladys Bissonnette. Elle se trouvait au fond de la salle, et me confronta, et me demanda si j'en avais enfin entendu assez."


Tashina Banks : "Lou Bean était l'une des femmes présentes à la rencontre où l'on a suggéré "Allons à Wounded Knee". Elle était l'une des femmes qui ont dit "Si vous les hommes de l'AIM ne nous emmenez pas à Wounded Knee, nous irons nous-mêmes."


Dennis Banks "Nous avons décidé que plutôt que d'affronter le bureau des affaires indiennes, les marshalls et le FBI à Pine Ridge, nous irions à Wounded Knee."


Jay Whitecrow tient le même propos que j'ai entendu dans le documentaire sur les mobilisations de Lawdes county : "les femmes étaient l'épine dorsale (backbone) du mouvement". C'est Gladys Bissonette / Lou Been, qui lors d'une réunion organisée par Clyde Bellecourt, incite à l'occupation de Wounded Knee, lieu du massacre de 1890 .


La police fera leur siège pendant 71 jours jusqu'en début mai. Leonard Foster, Navajo membre de l'AIM, mentionne les morts des Indiens Frank Clearwater et Buddy Lamont dans des échanges de tirs. Dennis Banks décida de fuir avant leur reddition pour éviter d'être assassiné. Il revint lorsqu'une liberté sous caution lui fut assurée, et participa à l'un des procès des membres de l'AIM au côté de Russell Means en février 1974. Pour l'avocat de la défense Ken Tilsen, le juge Nichol "attendait du gouvernement qu'il soit à la hauteur d'assez hauts standards dont il était incapable". Ainsi reconnut-il l'illégalité de l'usage de matériel et véhicules militaires par les marshalls.


Un Indien qui s'était occupé de la protection de Dennis Banks avoua être un informateur (agent provocateur de surcroît) du FBI, accablant plus encore les actions de la police aux yeux du juge, qui relaxa Banks et Means.


Un an plus tard, les morts de deux agents du FBI conduiront à la condamnation de Leonard Peltier, jetant une ombre sur le procès des émeutes de l'AIM à Custer. Le procureur général du Dakota du sud Bill Janklow voulait la peau de Banks. Suivent les témoignages du juge Marshall Young et du policier (devenu sympathisant) De Glassgow, qui nous apprennent que Banks prend la fuite après avoir été jugé coupable sur deux ou trois points - et le juge lui-même considère le choix de la fuite comme raisonnable! Banks trouva refuge en Californie à l'invitation du gouverneur Jerry Brown (celui de "California Uber Alles" des Dead Kennedys???) pendant sept ans avant que le nouveau gouverneur Duekmejian menace d'obtenir sa condamnation à mort. Il partit alors vivre sur la petite réserve d'Onadoga. Puis Banks décida de se rendre et le juge précité ne lui infligea que la peine minimale de trois ans, dont il ne fera que quatorze mois.


Le documentaire se focalise sur la participation de Dennis Banks aux premières années de l'AIM et à leurs actions les plus fameuses. Il se conclut sur l'évocation rapide des activités sociales et des actions militantes (longues marches et courses sacrées) de Banks dans les années suivantes.


Il ne vise certainement pas constituer un compte-rendu exhaustif des mouvements et des actions des natifs nord-américains au XXe siècle.

ChatonMarmot
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le 21 sept. 2023

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