Le bonheur, pour Conan, c'est de vaincre ses ennemis, les voir mourir sous ses coups et entendre les lamentations de leurs femmes.
Le bonheur, pour Timur, c'est de faire dérailler des trains en haute montagne, les voir se disloquer dans des ravins et entendre les héros brailler, accrochés par un cheveux au bord du précipice.

J'ai beaucoup aimé Wanted. Et croyez moi, ce n'est pas si facile à vivre quand on traine sur un site dont les résidents lui ont collé une moyenne en dessous de 5. J'ai trouvé ça rythmé, bien foutu et plutôt bien réalisé, avec des scènes d'actions super cool sans aucune concession au réalisme.

J'attendais donc pas mal de cet Abraham Lincoln, surtout avec un pitch aussi surréaliste, et jamais un instant je n'ai envisagé qu'un truc pareil puisse être abordé au premier degré. J'avais tort.
Sérieusement, écrire le scénario d'un film affublé d'un tel titre sans en faire un truc rigolo, débile et décalé, ce serait aussi absurde que pondre un remake de Total Recall avec Colin F.. Oh, wait...

Abraham Lincoln est donc très banal dans sa construction narrative. [INCOMING SPOILERS]

Les parents d'Abraham sont tués par un vampire. Le petit Abraham rumine sa haine et cherche à se venger. Un mentor le prend sous son aile et lui apprend à se battre mais à un moment, ils s'engueulent et peuvent plus se voir. Pendant ce temps, Abraham tue des vampires à la hache dans des troupeaux de chevaux et fait dérailler des trains dans des torrents de lave.

[SPOILERS OFF]

On a donc du super classique à base d'intro dramatique > initiation > développement, comme on en voit 18 par an depuis que les films de super héros sont revenus à la mode. C'est déjà un peu usant à la longue, sauf que là, c'est assez mal fait, avec des personnages sans aucun charisme, un mentor prometteur lors de sa première apparition mais qui retombe comme un vieux soufflet moisi et une histoire d'amour particulièrement torchée avec une potiche sans saveur qui ne servira strictement à rien (au moins, elle ne se fait pas enlever).

Rien de complètement rédibitoire là dedans, mais là où ça se gâte vraiment, c'est quand on se penche sur le traitement de ce bousin.
En bref, il n'y a aucun humour dans le film et l'histoire est totalement débile. On tenait là un pitch de délire série-Zedesque mais Timur en fait un énième film d'action avec monstres VS super-pouvoirs qui se prend au sérieux au point d'en devenir ridicule. Surtout qu'il le fait mal :

- Des acteurs pourris
- Des effets spéciaux complètements loupés comme rarement.
- Une direction photo qui pique les yeux, pour servir de cache misère aux FX (J'espère que vous aimez la fumée qui brille)
- Des scènes d'action sympa mais pas toujours très lisibles.

Timur sait tenir une caméra et quand il s'agit de filmer des combats sur-abusés ou des trains qui déraillent, le film parvient à décoller un peu...

... Mais juste un peu, parce que les FX sont vraiment foireux et qu'on a déjà vu la moitié des scènes dans Wanted, de l'initiation jusqu'au fameux train qui déraille (même scène, avec un torrent de flammes en plus... et de nuit, parce qu'ils avaient pas de sous).

Abraham Lincoln en une scène, c'est cette merveilleuse séquence avec des chevaux sur laquelle je vais m'étendre un peu [SPOILER MAIS ON S4EN FOUT§!]

Abraham se rend dans un entrepot portuaire pour combattre un méchant vampire. Le méchant vampire s'enfuit et au passage, il ouvre la porte d'une petite étable, ou un truc du genre... dont sortent environ 800 chevaux sauvages (un hommage au container à zombis de RE3, j'imagine) qui se mettent à galoper dans le plus grand désordre.
Les deux antagonistes se retrouvent alors à lutter en bondissant d'un étalon à l'autre, dans une grande scène de Gala équestre sponsorisée par Apassionata et le cirque Pinder. Après quelques secondes de très mauvais FX (et donc à une centaine de mètre de leur point de départ), ils se retrouvent à flanc d'une falaise vertigineuse, avec un dénivelé de quelques centaines de mètres. Hmm... on était pas dans un entrepot portuaire, il y a un instant ?
De toutes façons, à ce stade, l'abus de fumée brillante cache-misère aura eu raison de vos rétines et la chorégraphie ragdoll sonnera comme un hommage au combat contre les 200 Smith en low-poly de Matrix Reloaded.

Je citerai aussi l'éllipse '20 ans plus tard', où la voix-off d'Abraham explique avec sérieux : "J'avais désormais 50 ans" (ok, tu es mal maquillé mais tes cheveux sont blancs, admettons) et là, la caméra passe sur son ami d'enfance qui dans la scène d'intro avait le même âge que lui mais qu'on a oublié de maquiller, si bien qu'il a toujours l'air trentenaire.


Je diffame et je me moque mais tout n'est pas à jeter dans ce Lincoln, d'où la note. Certains passages sont plutôt impressionnants, c'est correctement rythmé et on s'ennuit rarement. Du coup, je ne peux pas dire que j'ai passé un mauvais moment, mais c'est typiquement le genre de film qui ne m'apporte rien et me laisse un sale goût dans la bouche.
Ezhaac
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les effets spéciaux de la honte et Oscars du pitch WTF

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le 30 août 2012

Modifiée

le 30 août 2012

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Ezhaac

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