Le film est fortement inspiré de la vie de Catherine Breillat à savoir qu'après son hémorragie cérébrale qui l'a laissée hémiplégique, elle va découvrir à la télévision Christophe Rocancourt, un escroc notoire, mais dont le charisme la fascine, à un point tel qu'elle le veut pour son prochain film. Mais ce dernier va profiter de son état de santé pour l'escroquer, jusqu'à la laisser quasiment sans le sou...


Ici, c'est Isabelle Huppert qui incarne le rôle de la réalisatrice, avec un certain courage, comme dans l'introduction où elle perçoit dans son lit les premiers signes de son mal, à savoir le bras qui se paralyse, puis une partie du corps qui va lui faire perdre partiellement la parole, lui donnant juste assez de temps pour appeler les urgences. Le travail de recherche est là, avec le travail des kinés, de la rééducation, sauf un seul point qui me parait faux, mais j'y reviendrai...


Le film est avant tout un travail de séduction de la part de cet escroc, que joue Kool Shen, afin de s'attirer au départ la sympathie de la réalisatrice. Puis, il va commencer à lui demander des fortes sommes d'argent, qu'il promet bien sûr de lui rembourser, mais à chaque fois, il prétexte un contretemps pour ne pas la payer. Cette situation va être telle que cette pauvre femme va être obligée de vivre de manière chiche, et de peut-être se séparer de son appartement.
Au départ, j'ai été un peu circonspect de la présence de Kool Shen dans le rôle de ce charismatique voleur, à qui on ne peut rien lui refuser. Mais de manière étonnante, je le trouve convaincant, apportant à son rôle une présence animale, qui agit comme une araignée tissant un piège inéluctable autour de sa proie.
Quant à Isabelle Huppert, c'est un pléonasme de dire ça, mais elle est excellente en femme obstinée, qui ne voit qu'elle seule de l'intérêt de travailler avec cet homme, pour un film qui ne se fera pas, à la consternation de son producteur (qui est incarné par Jean-François Lepetit... le producteur du film !) et de ses proches. Ils ne comprennent pas ce qu'elle lui trouve, ne l'apprécient pas, mais il y a chez cet homme une forme d'attraction, presque de désir, qui se créée. Un peu l'homme providentiel, pour le meilleur et surtout pour le pire.


Le travail d'Isabelle Huppert a été jusqu'à reproduire, de manière très juste, les mouvements partiels d'une personne atteinte d'une hémorragie cérébrale, à savoir la diction hésitante, la jambe qui se traine au point d'utiliser une canne, ou un bras paralysé.
Tout ceci est juste, sauf un seul point, sans doute une déformation professionnelle de ma part ; à un moment donné, elle va faire une nouvelle attaque, la menant tout droit à l’hôpital. Une fois dans la chambre, elle n'est pas soutenue par aucune barrière censée l'empêcher de tomber, ce qui presque une faute grave. Car elle peut se mouvoir pour attraper un téléphone portable sur sa table de nuit.


Ceci mis à part, et en dépit d'un budget qu'on sent limité (il n'y a que de la musique classique), Abus de faiblesse est un film intéressant sur la prise de pouvoir que peut exercer une personne sur une victime (partiellement) invalide, au point de créer de terribles dommages.

Boubakar
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le 23 sept. 2017

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Boubakar

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