Adieu Blaireau
4.5
Adieu Blaireau

Film de Bob Decout (1985)

Les débuts d'une longue carrière de réalisateur.

La liste des films que je regrette d'avoir vu est longue, et elle ne cesse de s'étendre. Si bien qu'un jour je sais, j'en suis persuadé, il ne me restera aucun mauvais film à critiquer. Au rythme où je me les tape, je n'en n'ai que pour quelques années. Je me garde le BHL pour la fin évidemment. Comme beaucoup le disent, un film ne peut être savouré s'l n'est pas vu dans son contexte. C'est ainsi que l'on préfèrera regarder " Interstellar " dans une salle de cinéma individuel avec des petites leds de partout pour les étoiles, ou encore " Halloween " à Halloween (ben ouais). Pour " Adieu Blaireau ", je pense que le regarder sur la télé de papi qui déconne, un dimanche après-midi avec un temps de merde, un moral et les pieds dans les pantoufles, un verre de Label 5 à la main avec des chips molles de Leader Price et le chat balafré de la queue à la gueule par ses séances de reproduction nocturnes sur les genoux est un bon contexte.

C'est l'histoire d'un mec, il s'appelle Fred. Mais Fred n'a pas de chance dans sa vie, et comme les enterrements, les emmerdes se font par série de trois. C'est un comédien sans public, son amour pour Brigitte est à sens unique (comment veux-tu, comment veux-tu qu'il l'a ... mon dieu que c'est drôle) et il doit un paquet de fric. Il tente de retrouver son "bébé", il accepte un boulot pas très jojo, il utilise son flingue pour tenter de violer "bébé", sans succès, il fait son boulot pas très jojo, il rencontre Annie Girardot, il couche avec Annie Girardot (le cachet devait être pas mal quand même, surtout à cette époque), il veut son pognon, il cherche son pognon, il dit Adieu à Annie, il boit, met une veste rouge, et c'est parti pour 15 minutes d'action inintéressante.

Il y a deux choses que je ne pourrai pas trop reprocher à " Adieu Blaireau ", la première c'est le casting, qui est plutôt copieux en gueule connues, la seconde c'est la réalisation qui n'est pas si dégueulasse que ça. Le problème c'est que rien n'est intéressant, absolument rien, et on nage dans un flou constant. Nous ne savons pas Fred est dans une telle merde, nous ne savons pas comment il est si facile de tuer quelqu'un, nous ne savons pas ce que fout Arditi là dedans, nous ne savons même pas si Antoine fera de nouveau un jour peut-être la pub des opticiens. Ami cinéphile, tu devrais savoir que lorsqu'un réalisateur ne fait que deux films en 20 ans et qu'il ne compte pas récidiver, c'est un mauvais signe, et Bob Decout nous met rapidement sur la voix en avouant que ce film est principalement un prétexte pour faire tourner Girardot, qui était à l'époque son farde … sa compagne.

Ce faux film policier navigue entre la banalité profonde et le néant scénaristique. C'est une presque histoire d'amour cachée sous une intrigue pitoyable ou Philippe Léotard semble complètement habité, appuyant les propos de Paul Léautaud qui lui disait "Quel déchirement que la moindre séparation quand on s'aime !". Philippe joue ce déchirement à longueur de temps, un homme méprisable et méprisé, un moins que rien qui ne sais pas ce qu'il fait, un homme qui aime sans retour, tout simplement, et qui a pas mal d'emmerde. Sauf que le charisme n'y est pas, la crédibilité n'y est pas, l'intérêt n'y est pas. Puis entre Binoche qui est molle comme un glaire, Léotard qui est plus possédé qui tremble plus que Mohamed Ali, Annie qui sème sa zizanie (ahahah … comme dans les sitcom j'indique où il faut rire puisque ça n'est pas drôle), on ne retient rien de ce film.

" Adieu Blaireau " est un film bâclé, où rien n'est bien profond (si ça n'est mon sommeil), enfin Fred a beau sortir " Ben j'suis contente que tu sois heureuse", personne ne s'est dit qu'un vagin ne lui avait pas poussé entre deux prises. Personne ne s'est dit que quand Fred passe devant un cinéma porno, du saxo en fond sonore et un taxie en premier plan, ça ne faisait pas un peu trop ? Il faudra également préciser à Annie de ne plus jamais parler anglais (remarque ce sera pas pire que Aurore Clément dans Paris, Texas). Enfin bref, faire un film avec une intrigue fadasse à souhait, avec des personnages d'une intensité faiblarde, avec des dialogues inutiles et une mise en scène passable sous prétexte de donner quelques biftons à Annie, est-bien raisonnable ? (dixit Desproges). Même si on a Bill Pullman qui se défonce en fond avec son saxo ? Nein !

Bon Film :)
P-D
2
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le 5 déc. 2014

Critique lue 580 fois

6 j'aime

P-D

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