Quand Dayan fait du Marleau sans Marleau...

Mathématiquement, un cocu est un entier qui partage sa moitié avec un tiers.

Quand Dayan fait du mauvais Marleau sans Marleau...

Film catastrophe mais pas dans l'aventure : dans le scénario et sa réalisation !

Boileau et Narcejac (Boileau-Narcejac est le pseudo commun de Pierre Louis Boileau (1906 -1989) et Pierre Ayraud, dit Thomas Narcejac (1908 -1998), écrivains français de romans policiers) ont dû se retourner dans leur tombe en voyant cette bien pâle adaptation poussive, sans âme ni conviction, de leur roman de 1959 : "A coeur perdu"

Un vaudeville à trois à la sauce années 50 où les stars d'avant-guerre de la chanson étaient mises à la retraite par les chanteuses yéyé en mini-jupes, lancées comme des marques de lessive avant de laver moins blanc... Poupées de cire, poupées de son découvrant les sucettes à l'anis.

Certains textes de Boileau-Narcejac ont été adaptés dont "Meurtres en 45 tours" au cinéma (qui comme chacun ne le sait pas à l'époque des CD, étaient pressés dans cette matière pour être moins fragile que leurs prédécesseurs 78 tours en cire) avec à la réalisation Étienne Périer...

Je vous l'avoue, je ne me souviens pas avoir vu sa projection. D'ailleurs, France 2 qui a projeté sur ses écrans le navet de Dayan, eut été bien inspiré de le programmer à la suite afin que la comparaison soit possible... Hélas, "enfer et damnation" ! C'est en effet "Enfer blanc"qui succédait au vinyle et que le téléspectateur devait s'attendre à endurer pour peu qu'il accepte d'affronter les huit épisodes de cette série, aussi infecte que réchauffée.

Côté réalisation, c'est tout simplement la débandade : on a l'impression de vivre le récit dans une maison de retraite ! Une espèce de Cluedo dont le commissaire Moutarde serait écarté...

Aucun extérieur : tout simplement pantouflard et soporifique. On est à des années-lumière des cascades de Belmondo jadis ! Ça peut se comprendre :

Josée Dayan approche tranquillement de ses quatre-vingt balais en octobre 2023 et semble devenue boulimique de polars genre kiosques de gares... L'avènement du capitaine Marleau la sortie de l'anonymat, car incontestablement, son capitaine Marleau souffla un vent nouveau sur les petits écrans, en opposition de phase avec les séries séniles du service public genre Magellan ou Mongeville...

Enfin, au début de la série quand la capitaine et ch'ti Corinne ne ponctuait pas le scénario de vulgarités roubaisiennes... Au bout de 29 épisodes, le filon et sa réalisatrice sont aussi épuisés que le pétrole dans les pays producteurs, et Dayan tenterait-elle une diversification ? Un nouveau virage ? Une évasion de la gendarmerie ? En tout cas, ici c'est le précipice, le cul de basse-fosse.

Le scénario est au diapason de ce ratage : ce n'est pas avec cette écriture au ras des pâquerettes que Saada, va se forger une place au soleil des tâcherons TV ! C'est tellement plat comme récit qu'on se croirait au beau milieu d'un EHPAD...

Avec un tel socle, on ne pouvait s'attendre à un édifice assez solide pour donner une chance aux acteurs, d'autant qu'on sait l'affection de Dayan pour les stars dont l'étoile ne brille plus autant que par le passé (doux euphémisme) A moins que leur cachet ne soit devenu moins ambitieux ? Bien des castings de la série des Marleau sont ainsi tapissés de "has been"... Parfois reconnaissons-le avec bonheur, parfois...

En tout cas, ce n'est pas ce 45 tours qui va raviver la cote de popularité d'Isabelle Adjani qui fait une adaptation parodique , catastrophique de son rôle... Elle surjoue et caricature tellement son personnage qu'on se demande s'il n'a pas usé ou abusé de substances illicites dont le milieu est friand...

On supposerait presque qu'elle n'a pas été dirigée, ou alors très mal ! Comme les autres d'ailleurs !

Seuls à sortir du lot de ce bien triste spectacle : Jacques Bonnaffé qui met lui un peu de dimension humaine et réaliste, naturelle, dans une interprétation teintée d'un léger humour, et Barbara Pravi qui connaît bien (elle) la chanson ! La belle a permis à la France de ne plus être ridicule au concours de l'Eurovision en lui offrant la deuxième place... Pal la première car le gagnant doit gérer la manifestation de l'année suivante ! Elle est bien du reste la seule à mettre un peu de peps dans cette histoire du genre "la belle au bois dormant" dont la belle Isabelle ne s'est toujours pas (cloc") ne s'est toujours pas (cloc") ne s'est toujours pas (cloc") ne s'est toujours pas (cloc") ne s'est toujours pas (cloc")ne s'est toujours pas (cloc") ne s'est toujours pas (cloc") (...) [réveillée]

Alors Josée ? le disque est rayé ou le diamant du lecteur de juke-box usé ?

Une étoile est née : bien sûr, la jolie Barbara ne jure désormais plus (comme la grande Corinne Masiero) que par sainte Dayan qui lui a donné sa chance ! Ce sont les deux seules bonnes choses de cette farce policière ratée.

Mes compliments à Dominique Besnehard qui a eu le courage et l'abnégation de co-produire ce somnifère, et qui aide comme il peut le troisième âge... A moins que ce ne soit déductible des impôts ?

RTS Un le 15.09.2023- France 2 le 18.09.2023-