A la base un film réalisé par Kevin Spacey à l'époque où il était un peu la coqueluche toute neuve du cinéma américain, du coup pas mal d'attention dessus et même une petite (oh ! toute petite) réputation qui laissait croire que ce petit polar en huis clos avec casting de poids pouvait se voir sans déplaisir.
A l'arrivée, pas grand chose.
Gary Sinise joue toujours trop de ses petits yeux vicieux. Matt Dillon a un visage qui se rapproche de plus en plus de la tête de mort et n'arrive visiblement pas à sortir de ses rôles de semi-demeurés poissards à qui le leadership ne sied guère. Faye Dunaway est à son quatrième lifting. William Fichtner n'avait pas besoin de l'habituel rôle de sociopathe pour être antipathique. Joe Mantegna n'a que deux scènes. M. Emmet Walsh disparait bien vite. Quant à Viggo Mortensen, il s'en sort presque bien, mais qu'est ce que son personnage est misérablement écrit...
Ecrire, tiens, c'est une idée ça, on pourrait même commencer par le scénario, parce que ça manque cruellement ici. Le pseudo suspense à base de psychologie de comptoir, c'est pas parce qu'on est bloqué tout le film dans un bar que ça va mieux passer que d'habitude...
Mais avec les premiers frimas, je me suis laissé aller à tenter un très joli ragoût, je ne peux vous en dire trop, mais il y avait de l'aubergine dedans et c'était foutrement fameux. Ca se voulait roboratif, mais c'était sans compter l'effet puissant que la réunion d'une dure journée de travail, d'une digestion intensive et d'un film chiant pouvait avoir sur mes paupières.
Et c'est à ces moments là qu'on leur pardonne beaucoup aux films chiants, on leur pardonne de ne même pas chercher à lutter, et on se laisse doucement aller à somnoler, pour se réveiller de temps en temps, histoire de voir que ça empire et se réveiller sur la fin, grotesque et prévisible, en luttant de toutes ses forces pour ne pas se remplir un nouveau bol de ce mets décidément délicieux.