Réalisé en 2000, Ali Zaoua, prince de la rue est le premier film marocain qui a fait de la pauvreté au Maroc un personnage central et incontournable. L’audace narrative est d’autant plus notable que le parti pris de Nabil Ayouch est de montrer cette pauvreté à travers des gamins livrés à eux-mêmes dans les rues de Casablanca. Sans filtre déformant, ces victimes innocentes d’un destin rendu encore plus cruel par les inégalités sociales dénoncées paraissent particulièrement vulnérables.
La jetée longée en vue aérienne est le marqueur récurrent de la séparation entre riches et pauvres. Sans boucher l’horizon, les pauvres voient les riches, elle matérialise une ligne de démarcation qui fait barrière à l’approche des seconds par les premiers. Deux mondes coexistent côte à côte mais étrangers l’un à l’autre. La fin de la jetée atteinte en fin de film indique, après un court temps d’arrêt, la direction du grand large. L’horizon est dégagé et la boussole indique plein ouest…