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Alice
7.5
Alice

Film de Jan Švankmajer (1988)

Cette interprétation libre de l'oeuvre de Lewis Carroll est unique en son genre; une vision singulière et personnelle, au surréalisme macabre souvent dérangeant. Mais c'est aussi un film qui traduit de manière exemplaire les peurs d'enfance et les rêves décousus, parfois sordides, qui en découlent.

Le personnage d'Alice est une enfant hantée par son quotidien, par des objets qui étaient là avant elle, vestiges de vies passées. Ce sont des objets qu'elle ne comprend pas forcément mais qui forgent son imaginaire malgré elle. Une fois le rêve commencé, ce parti-pris va donner lieu à une série de trouvailles visuelles plus folles les unes que les autres. En effet, le rêve va ici assimiler les objets du quotidien et leur donner vie - grâce à la technique maîtrisée du stop-motion. Le bestiaire d'Alice va donc se composer essentiellement d'objets inanimés : animaux empaillés, poupées, marionnettes, chaussettes... C'est donc un lapin empaillé qui va prendre vie et l'attirer vers un tiroir qui fera ici office de terrier. Quand on est enfant, un tiroir dont on ne connait pas le contenu est un monde plein de promesses, on ne sait jamais ce qu'on va y découvrir. La descente vers les abysses de l'imaginaire se fera ensuite en ascenseur.

Il est intéressant de constater qu'Alice, plutôt que victime, sera avant tout spectatrice de ce petit théâtre des horreurs . A quelques exceptions près, son rôle sera essentiellement celui d'observatrice. Mais elle sera aussi narratrice de son propre rêve. Cela confère au film une logique narrative proche du cinéma muet. En effet, les scènes seront en permanence entrecoupées par des gros plans de sa bouche racontant l'histoire, à la manière d'intertitres. Tous les personnages s'exprimeront donc exclusivement à travers elle, ce qui souligne habilement l'invitation à explorer son subconscient à laquelle on est conviés.

Ce rêve symbolise une quête de l'interdit. La psyché d'Alice va s'approprier un monde qui ne lui appartient pas, peuplé d'objets qu'elle ne peut pas toucher, de choses qu'elle ne peut pas manger ou boire.

Alice est une ode à l'imaginaire et à l'éveil des sens chez l'enfant. Un véritable délice.
Roberto_Salvador
9

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Créée

le 30 janv. 2015

Critique lue 788 fois

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