Alive est un film dans l'air du temps. Très contemporain de son époque, il comprend les maux de la société coréenne et l'utilité des réseaux sociaux tout en se moquant ouvertement de ses symboliques lourdes assénées depuis des lustres et qui en font un pays à la fois en avance sur tout et comme figé dans une posture à tenir pour que le message passe clairement. Pour être cool et made in korea, donc tendance, le cahier de charge du bon film d'export est respecté : de la k-pop / hip-hop, des nouilles instantanées disséquées en long en large, les vidéos en selfie très probablement captées sur un Samsung dernier cri, une héroïne aux gros yeux brillants et un héros un peu gauche et très solitaire prêt à risquer sa vie pour sauver les siens (l'union fait la force). Attention aussi de ne pas manger trop vite et les remerciements face à ce précieux conseil. Pendant ce temps se joue tout de même la fin du monde.
Ce curieux mélange des genres et d'attitudes, propre au cinéma coréen populaire du début des années 2000, qui ouvrit ses portes au monde par l'entremise de Park Chan-Wook avec Oldboy avant de trouver un échos retentissant mais incompris en France avec The Host de Bong Joon-Ho, est une nouvelle fois ici central. De quoi en laisser quelques-uns sur la touche, ahuris devant une pause nouilles instantanées pendant l'apocalypse et des zombies qui n'apportent rien de plus que ceux entrevus dans World War Z ou encore Dernier train pour Busan. Simplement, la trame et la dimension sociale de #Alive prennent ici une toute autre tournure compte-tenu du contexte sanitaire en pleine crise du Covid-19 et du repli de l'individu face à l'extérieur, calfeutré car le dehors est un danger. La parabole est ici suffisamment maîtrisée et subtile pour être soulignée.
Néanmoins #Alive respire un peu trop le film ambassadeur, l'oeuvre de centre culturel à prescrire à tout bon néophyte désireux de connaître le cinéma populaire coréen (avec son actrice seconde tête d'affiche adepte de comédies romantiques navrantes ultra populaires et son héros principal pas très beau mais reconnu à l'international chez Lee Chang-Dong), se moquant de ses propres stéréotypes sans pour autant s'en défaire totalement, riche de belles idées scénaristiques (la découverte des deux héros à distance, la rencontre étrange avec Jeon Bae-Su, l'utilisation du drone, l'humanisation de l'inhumain...). Le léger manque de rythme ne gâche ceci dit pas trop cet énième film de zombies un tout petit peu paresseux et un tout petit peu trop coréen.