Résumé : deux gamins des rues ont envie d'aller à la mer. A la fin ils y arrivent.
Pas évident d'adapter une bande dessinée aussi atypique et forte graphiquement.
Le studio d'animation a fatalement dû simplifier le graphisme des personnages. L'animation est créative mais garde un côté légèrement "par à-coups", ce qui ne me dérange pas, ça donne un petit cachet indé.
Des couleurs douces pour les décors/criardes pour les personnages : bon choix.
Des plans qui suivent un corbeau à travers la ville. Un plan de course en simili-caméra portée à travers les rues. Des passages en aquarelle animée pour les moments de rêve de Blanc. Le rêve final où Noir affronte sa part noire.
Le film est très réussi car il rend l'atmosphère si particulière de la bande dessinée. Je n'ai pas relu celle-ci récemment, donc si j'ai reconnu le canevas, je n'arrive pas à identifier s'il y a des parties rajoutées par rapport à l'original. Le film a un rythme très bien pensé (ce qui n'était pas le cas de la BD qui se permettait un ventre mou dans lequel l'exploration graphique se déchaînait).
On retrouve ce mélange si subtil entre les monologues/babil désarmants de Blanc, la violence anarchique de Noir, cette alternance de moments de totale hébétude et d'excitation folle, ce monde de bric et de broc mélangeant des esthétiques extravagantes comme le punk, le dadaïsme et les décorations de temple hindou, cette tension entre un désir de tendresse et de beauté et ce besoin de violence sans filtre.
Tout est là. Ce film est touchant et a un coeur.