J'ai revu ce film avec crainte, après avoir été bien déçue de ma dernière vision de Fight Club, pensant y trouver les mêmes ressorts de rébellion bien marketée pour adolescents.
Il m'a plu autant que la première et la deuxième fois, moi qui ne suis pas friande d'hollywoodisme...


Peut-être que je surinterprète mais je trouve qu'il y a vraiment un fond intéressant derrière chacun des personnages. Au premier abord on peut croire à des caricatures lourdingues, le patriote, la carriériste, la séductrice, mais au fond tous sont des personnages désespérés, qui s'accrochent désespéramment à cette image grossière.


Et Lester, au lieu de s'en éloigner avec sa crise de la quarantaine, tombe dans le même travers, il fait tout pour être "cool", fumer des joints, écouter du rock, s'acheter une voiture de sport. Il satisfait ses pulsions primaires de manière infantile et assez pathétique.
Marrant le moment où il fait la leçon à sa femme sur son matérialisme, juste après s'être acheté une grosse bagnole.
Contrairement au "héros" de Fight Club, Lester n'envoie jamais tout à fait balader ses privilèges, il reste attaché à son petit confort matériel et marital. Et on ne peut s'empêcher d'éprouver de la sympathie pour lui, malgré toutes les fois où il est méprisable, alors que la plupart des personnages a au moins une fois le désir de le voir mort.


Je me demande d'ailleurs si la fin n'est pas une échappatoire satisfaisante pour lui, quel avenir l'attend après avoir fait le deuil de sa passion adolescente, après que sa fille se soit enfuie avec son dealer, et qu'il ne puisse plus passer ses nerfs sur son épouse? Un retour à sa vie mature et ennuyeuse?


J'aime le personnage ambigu d'Angela (au prénom bien choisi), petite Lolita qui n'en mène pas large une fois qu'il faut assumer sa séduction.


Et la mère de Ricky,-- a-t-elle seulement un nom?-- a de faux airs d'une Sarah Palmer éplorée.


Il n'y a que le personnage de Ricky qui malgré son sex appeal ne me convainc pas, sur-écrit, il n'est pas à sa place, à croire que ce soit le seul qui sache correctement dissimuler ses faiblesses.


American Beauty ne serait pas la comédie attendue, mais une tragédie où chacun doit tenir son rôle, la fatalitas veille.


Rho, et la reprise de Because dans le générique!

Diothyme
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le 2 oct. 2017

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