Regardez plus prés. Si si approchez. Regardez là, sous la surface, si l'on gratte un peu sous le vernis des apparences, des failles commencent à apparaître. Et si vous mettez le doigt dedans, alors là, attention, on ne sait jamais ce que l'on va trouver.
Inspiré du nom d'une variété de roses (tiens tiens...) dont la beauté extérieure cache souvent la pourriture dans laquelle elle plante ses racines, American Beauty cherche à dévoiler la face cachée de ses images de banlieues idylliques, ou tout semble trop beau pour être vrai. Ce qui est le cas, d'ailleurs.

On peut être surpris, en revoyant le film aujourd'hui avec un peu de recul, que le scénario ait pu obtenir l'oscar. Après tout, l'histoire, bien que très bien écrite et ponctuée de dialogues incisifs, n'a rien de renversant. Et les personnages sont même un peu clichés. Constat désabusé qui amène à se poser la question : et si tout cette banalité apparente constatée aujourd'hui, c'était à cause de la succession de films, séries et autres qui se sont engouffrés depuis dans la porte entrouverte par le film de Mendes? Et si le scénario ne paraissait fade que comparé aux clichés dont on nous assomme aujourd'hui, alors que l'on n'osait pas les murmurer hier? A méditer...

Car, au delà des ces considérations, force est de constater que les quatre autres oscars reçus par American Beauty sont mérités, largement, et ne prêtent pas au débat. La mise en scène de Mendes, ses lents zooms vers l'avant pour mieux nous plonger au cœur de l'action, là où ça fais mal, ses compositions d'une symétrie impeccables, et qu'il n'hésite pas à faire voler en éclat par quelques angles de caméra osés, ses lignes qui semblent enfermer les personnages, les séparer, ou les réunir, cette mise en scène, donc, n'a pas pris une ride, et reste toujours aussi efficace. La photographie absolument délicieuse de Conrad Hall, relevant cette blancheur éclatante de touches de rouges, et jouant avec précision sur l'ombre et la lumière apporte à la réalisation une force indéniable.

Quant au jeu des acteurs, il est irréprochable, avec un Kevin Spacey tour à tour glaçant et pathétique, une Annette Bening insupportable de suffisance et une Mena Suvari que l'on regrette de ne plus voir dans des rôles plus importants.

S'il pâtit aujourd'hui d'une forme de conventionnalisme qu'il a lui même institué, American Beauty conserve toute sa force suggestive, et il mérite amplement de figurer au rang des grands classiques du cinéma américain.
Hyunkel
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le 17 oct. 2011

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