"American heist" nous raconte l’histoire de deux frangins dont les exactions passées les ont tous deux conduit en prison. Frankie, l’aîné, qui a purgé dix ans pour le meurtre d’un officier de police, vient de sortir et reprend tout de suite contact avec ses anciens potes de business. De son côté, James, plus réfléchi et posé, semble avoir retenu la leçon puisqu’il s’efforce tant bien que mal de reprendre une vie normale et de monter son affaire de garage. Mais les temps sont durs, et obtenir un prêt pour lancer son entreprise est de plus en plus difficile, surtout lorsqu’on a le mot « prison » inscrit dans son CV. Et lorsque son grand frère Frankie reprend en contact avec lui, les emmerdes vont inexorablement rejaillir des tréfonds de leur passé tumultueux commun.


Il y a quelques temps (je crois que c’était dans ma critique de « Prédestination »), je vous avais parlé du fait qu’il m’arrivait, à tort, de faire l’impasse sur certaines sorties DTV (Direct To Video). Entre le manque de temps, le fait qu’il ne sorte pas en salles, mais surtout la jaquette, le pitch de départ, etc. Sur des critères somme toute assez subjectifs, je choisis souvent de ne pas voir tel ou tel film. Et bien sûr, j’ai souvent failli passer à côté d’excellents petits films. Pour « American heist », c’est l’inverse qui s’est produit !


Lorsque j’ai l’ai vu arriver, tout m’a donné envie. Bande-annonce, jaquette, une histoire de braquages (les derniers films en date du même genre en jettent !)… Et surtout le casting, qui nous offre un acteur au talent indéniable (Brody), un autre assez rare à l’écran mais pleins de qualités (Christensen, alias Anakin Skywalker), et la magnifique Jordana Brewster (alias Mia Toretto dans la saga « Fast & Furious »). Et malgré tout ça, le film n’a pas eu droit à sa sortie en salles. Après tout, ça peut arriver. J’aurais du savoir que ça sentait le coup fourré…


Le premier détail qui éveille largement les soupçons, c’est le fait que le film mette environ une bonne heure à démarrer. Lorsque l’on propose un thriller ayant les braquages de banque comme toile de fond, on pense évidemment à « Heat », « The heist » (avec Gene Hackman) ou même « The town » (De Ben Affleck, que je vous recommande chaudement). Dans ces trois films, il y a un leitmotiv : celui de nous montrer en action des personnages spécialistes de l’attaque de banque, qui montent à l’avance des coups énormes avec une intelligence certaine, pour finalement nous plonger dans LE braquage du siècle. American heist, contrairement à ses concurrents susnommés, joue longuement la carte du drame social avant de se lancer franchement dans l’action.


Ainsi, durant plus d’une heure, on a Frankie (Brody) sorti de taule encore plus con et inconscient qu’il ne l’était avant d’y entrer, qui veut renouer avec son petit frère rangé des voitures (c’est le cas de le dire). Et au milieu, il y a Emily (parce qu’il faut bien qu’il y ait une fille) qui ne sert absolument à rien à part embellir le paysage. L’aîné veut reprendre du service, quitte à replonger encore une décennie derrière les barreaux ; le petit frère veut être clean, mais il n’a pas d’argent. Personne ne veut l’aider à s’en sortir, tout ça tout ça…


Avec des dialogues le plus souvent insipides qui n’épargnent absolument personne (que ce soit en VF ou en VO), Adrien Brody campe un pauvre looser muni d’un poids gourmand à la place du cerveau, et ça ne lui va pas du tout ! Son jeu d’acteurs n’est à pas à mettre en cause (c’est même plutôt pas mal dans l’absolu), c’est juste que ça sonne faux. Christensen, de son côté, malgré quelques séquences réussies, ne parvient jamais vraiment à tirer le film vers le haut, la faute à un scénario vraiment (vraiment) à la ramasse. La dernière partie de l’intrigue (c’est-à-dire le braquage) est un véritable échec bourré d’incohérences qui oblige les comédiens à se débattre dans la plus ratée et la moins bien organisée de toutes les attaques de banque de tous les temps, juste devant celle de Pierre Richard et Depardieu dans « Les fugitifs ». Vous vous souvenez, celle où Pierre Richard porte sur le visage un bas de femme qui se déchire lorsqu’il dégoupille sa grenade… Tout est fait en dépit du bon sens et sans la moindre logique scénaristique. Alors si le but du jeu était de raconter l’échec social de deux frangins du guetto qui foirent un braquage qu’ils n’auraient jamais du faire, c’est une réussite ! Sauf que…


…Sauf que les personnages et leur ligne de progression ont été écrits avec les pieds. Adrien Brody veut jouer sur tous les tableaux et cherche la réconciliation avec son frère, que jamais il ne trouvera (hormis en mourant) ; Christensen semble, au début du film, avoir des talents liés aux voitures et à la mécanique, talents qui ne seront jamais bien exploités dans le cadre du braquage ; Jordana Brewster est là en tant que potiche. Comme elle campe une opératrice de la police qui bosse au dispatch du 911, on aurait pu s’attendre à ce qu’elle vienne en aide à son petit ami lors de l’attaque. Au lieu de ça, elle se barre juste de son bureau.


Le chef de gang (si on peut l’appeler ainsi), alias Ray (joué par Tory Kittle) et son acolyte Sugar joué par le chanteur Akon (oui oui, je sais, ça fait Sugar Ray…LOL), finissent misérablement et sans enjeu alors qu’ils sont les instigateurs principaux de tout ce qui arrive dans le film. Ray est présenté comme un révolutionnaire intelligent et malfaisant qui en veut aux banques et au système. Il est organisé, prévoyant, parvient à se procurer des plans très précis de la banque, organise des leurres dans toute la ville… mais improvise une équipe de complices à l’Ouest et pas du tout aguerrie en s’entourant des amateurs les plus incompétents de la planète pour mener à bien son opération. Opération qui foire donc lamentablement et durant laquelle Ray se fait joyeusement abattre par la police pour finir dans un tas d’ordures comme un vulgaire voyou de banlieue…


Bref, je m’arrête là. Je ferai l’impasse sur les effets visuels vraiment inégaux, tantôt pas dégueulasses, tantôt complètement ratés (la chute de l’hélico en plein centre ville… !). Je ne vous parlerai pas non plus des dialogues (je l’ai vu en VF) qui passent leur temps à tomber à plat. D’ailleurs, aucun des comédiens connus du film n’a son doublage officiel, bien que le film soit en truefrench (*). Et je ne ferai pas allusion aux nombreuses séquences absolument inutiles qui viennent remplir 1h50 d’une affligeante pauvreté d’écriture (la voiture jaune volée, l’armoire à glace qui ne sert à rien, les séquences mélo entre les deux frères plutôt bien jouées mais n’apportant finalement rien au dénouement).


Si, par contre, je dois quand même vous prévenir -si vous vous y aventurez- que Tory Kittle (ci-dessus) tente un magistral plagiat de Robert De Niro dans "Heat", lorsque ce dernier grimpe sur l'un des bureaux, l'arme au poing, et qu'il tient le discours "c'est l'argent de la banque qu'on veut, pas votre argent, ne jouez pas héros...", etc. Fort heureusement, on est bien loin du charisme de Monsieur De Niro, et d'ailleurs, la scène de l'attaque ne tient absolument pas la comparaison...


CONCLUSION :
Dès le départ, « American heist » n’avait déjà pas de vrai potentiel. Le pitch est mauvais et sans une once de créativité, le casting nous vend du rêve et Adrien Brody a l’air d’avoir vendu son âme au diable ; et il n’y a aucun rythme ni vraie adrénaline, ce que l’on attend en premier dans ce genre de film. L’histoire n’a ni queue ni tête, ce qui vient complètement gâcher une mise en scène pas forcément à jeter, et parfois même réussie (plus dans les séquences de mélo et que dans les scènes d’action !).
A oublier très vite…


VOIR LA REVIEW SUR MON SITE :
http://www.unoeilsurlecran.com/#!american-heist/cgny

Ri_Tchy
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le 30 août 2015

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