American Nightmare (nom français du film, habile traduction de The = American et Purge = Nightmare) est un exemple typique de concept sympa desservi par une réalisation médiocre.


Le film s'ouvre sur une Amérique dystopique dans laquelle le crime a été éradiqué, l'économie est à la hausse, tout va bien dans le meilleur des mondes, tout ça grâce à une loi (qui a dit "Battle Royale"?), stipulant qu'une fois par an, pendant douze heures, les citoyens peuvent laisser sortir leur nature humaine et commettre moult crimes en toute impunité. Pillages, viols, exécutions sommaires et totalement gratuites, il pouvait y avoir pas mal de trucs à montrer, ça sent même la critique du Sacro-saint American Dream et de tout ce que les nantis sont prêts à sacrifier pour le maintenir ... On commence à se dire que ça va être puissant quand on voit ces gentils voisins faux-cul s'adresser la parole l'air de rien pendant que le petit vieux de l'autre côté de la rue affûte sa machette tranquilou dans le jardin.
...puis on comprend très vite qu'en fait, on va passer 1h20 dans une maison de luxe en mode huis-clos.


La suite ressemble à Panic Room -en moins bien- parce que Papa (Ethan Hawke) bosse dans le monde de la sécurité, et il a donc blindé sa baraque pour être impénétrable. Il explique à ses gamins, bien au chaud dans leur bunker perso, que c'est un sacrifice auquel les américains ont consenti pour relancer leur état de grâce, et que c'est pour le mieux. Sauf que Gros Sourcils, le gamin, est moyen d'accord avec l'idée de laisser des gens se faire tirer comme des lapins dans la rue, donc il laisse un clodo blessé entrer chez eux.
Parce que c'est bien connu, quand on est le pro de la sécurité, on file le code d'ouverture/fermeture à un gamin de huit ans. Ce film est un facepalm ambulant et on en est à peine à 10 minutes.


Il y a plus de points noirs dans ce film que sur le visage d'une adolescente.
Pourquoi nous montrer cette nuit qui a toutes les cartes en mains pour produire du très bon depuis le point de vue d'une famille de bourges têtes-à-claque au possible qui subissent un retour de bâton? Si les scènes d'introduction sont sensées nous faire apprécier la famille qu'on va suivre pendant tout le film, c'est un ratage total, ils sont tous plus insupportables les uns que les autres, et pourtant dieu sait que je suis usuellement tendre avec Lena Headey.


Tout y est prévisible, on se doute qu'il va y avoir un souci avec les voisins dès les premières minutes du film, on se doute que si Gros Sourcils a un petit robot avec une caméra dessus, ça va servir par la suite, on se doute que le petit copain pédophile de Chialeuse, l'adolescente de la portée, va venir faire une connerie puisqu'il rentre en douce chez sa meuf pour régler un différent avec Papa Hawke LE SOIR DE LA PURGE HOHOHO QUELLE COINCIDENCE DIS DONC J'AVAIS PAS VU LA DATE HAHA QUEL FARCEUR CE JEAN PAUL.


Bref vous avez compris l'idée.


Vraiment, le truc qui me tue avec ce film (qu'on a eu l'audace de me vendre comme un film d'horreur, bordel), c'est qu'il y avait la matière pour en faire un truc super. Une sorte de réflexion sur l'hypocrisie ("ok pour tuer des gens tant que ce sont des roturiers"), sur la limite entre l'impunité et la conscience morale, sur l'effet "mouton" de notre société (on parle plusieurs fois de groupes qui sortent massacrer, galvanisés les uns par les autres...).


Mais on n'aura rien de tout ça. Juste un film même pas assez médiocre pour en faire un nanard à regarder entre potes.

Lauren_Nuage
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le 14 nov. 2016

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Low Nuage

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