Clint Eastwood est un bon réalisateur. Cela ne fait aucun doute. Les scènes de guerre sont stressantes, angoissantes et sur ce point, ce film est une réussite.
J'avais entendu beaucoup de critiques à l'égard de ce film qui passait pour une apologie de la guerre avec l'élévation au rang de héros d'un assassin. Finalement, je ne pense pas que cela soit aussi simple.
Le film passe totalement à côté de l'explication de la guerre en Irak, volontairement. Il se focalise sur la psychologie du personnage principal, Chris Kyle, et du fameux syndrome post-traumatique propre aux soldats partis à la guerre. Sur ce point là, également, le film est une réussite. Par une accumulation de petites scènes, Clint Eastwood nous suggère les changements que cela provoque chez Chris Kyle et la transformation qui s'opère en lui au fur et à mesure de ses "tours".
On assiste, impuissants, à la déshumanisation d'un soldat qui montre qu'une succession d'événements peuvent nous amener à prendre une décision aussi grave que de décider d'aller tuer d'autres personnes à des milliers de km de chez soi. Et cela, en ayant à peine l'ombre d'un remords.
L'utilisation des enfants et de la famille pour tenter de réhumaniser le sniper est une ficelle un peu grossière mais elle fonctionne. On est presque peinés de voir cet homme, incapable de vraiment revenir d'Irak.
Alors voilà, ce film ne fait pas, selon moi, l'apologie de la guerre. Il se contente de raconter l'histoire d'un homme, qui un jour a décider de tuer d'autres hommes pour protéger son pays. Passant du traumatisme du 11 septembre au traumatisme d'après-guerre.
Personne ne perd, personne ne gagne. Mais à la fin, tout le monde meurt. Il n'y a pas de morale dans ce film. Seulement une histoire tragique parmi tant d'autres. J'adorerais cependant qu'un jour, on nous présente l'histoire de Mustafa, bien qu'il soit un personnage inventé, mais juste histoire de contre-balancer un peu le point de vue américain dans ces conflits à n'en plus finir entre l'Occident et l'Orient.