J'ai testé la gériatrie bourgeoise

Comme avec Mesrine et tant d'autres, je commence par voir ce que je ne veux pas voir : la fin. Ok, ici on ne voit que l'aboutissant et non pas les tenants, mais quand même ; ça met déjà mal à l'aise. Alors, évidemment, après ça, mes relations avec ce film n'étaient pas au beau fixe. Mais il a fallu que les deux vieux en rajoutent, avec leur interprétation vieille France, empruntée d'une diction théâtrale insuportable qui ne fait que renforcer leur statut de (petits) bourgeois parisiens. Horipilant. Et ce n'est pas tout ! Haneke sait agacer son spectateur ! Alors que ce vieux pourrait couper ce fichu robinet qui coule à pleins tubes, non, il le fait couler délibérément par trois scènes, ce qui rendrait ce running "gag" presque aussi mythique que le téléphone qui sonne inlassablement d'Il était une fois en Amérique. Et ce jeune pianiste tête à claque un peu trop curieux, élève de la mourante, comme j'aurais aimé lui coincer la tête entre le clavier et le couvercle pour mettre un peu d'ambiance !

Mais là, on ne s'amuse pas. C'est bien grave. Et la gravité se conjugue avec mollesse dans cette définition de la fin de vie. Amoureux du plan fixe, bonsoir. Vous en aurez pour votre argent, pour sûr. A tel point que l'exercice en devient lassant, donnant furieusement l'envie d'étiqueter ce film du label "troisième âge autocentré", pour rester conforme à l'âge moyen des personnes dans la salle.

Alors oui, peut-être qu'avoir une hyper-active du nez (soupirs et expiration de contentement) comme voisine ne m'a pas aidé, peut-être que je manque de patience pour ce genre de spectacle tragique qui dans le fond est remarquable car il interroge sur sa propre finitude, mais qui dans la forme pêche trop par un excès de pantouflardise scénique. Alors je me suis ennuyé et j'ai regardé ma montre (mon portable, pardon), même si je reconnais que l'intrigue gagne en puissance et en teneur dramatique jusqu'à en devenir presque insoutenable. Au moins la fin m'aura surpris, et j'en aurais gardé une impression douce-amère.

Et fermez ce fichu robinet !
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le 12 nov. 2012

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