Sept 2009:

Un peu déçu par ce Tanaka qui ne m'a pas du tout interpellé. J'ai trouvé sa réalisation très sage et beaucoup moins riche qu'à l'habitude. Sans doute faut-il voir dans mon froid regard le fait que l'histoire parait un peu bancale. Pendant une bonne partie du film, j'ai cru y voir une critique affutée et acerbe sur la violence de la société et du moralisme japonais sur les femmes. Le judicieux parallèle entre la violence sexuelle et la violence morale qu'exerce la presse à sensation sur les femmes semblait finement décrit grâce à l'ambiguité scélérate de Nami jouée par l'excellente Eri Kanuma. Mais cette éngime sur la fin parait presque excuser la violence et non vaguement l'expliquer. A la toute fin, on retrouve le regard du cinéaste focalisé sur le mal-être ineffaçable, à tel point que la folie devient la seule issue. Brisée par le viol, Nami est inapte à aimer. Le secours que veut lui porter Tetsuro (Takeo Chii, lui aussi remarquable), reste vain. Je retrouve Tanaka qui aime à filmer la détresse des femmes, la violence de leurs sentiments et sensations en scrutant le moindre vacillement du regard.

Là encore, le film au départ érotique se mûe en quête introspective, en drame psychologique. Le film érotique devient film noir. Mais tour à tour, Tanaka porte le film sur des plans bien différents. Certaines scènes (l'infirmière) appartiennent aux films d'horreur, au suspense horrifique et gore. Par moments, la quête devient enquête et le film prend des allures de polar noir. Il finit comme une tragédie romantique, noire, toujours noire. ces va-et-vients m'ont semblé d'une cohésion mesurée et ne font pas véritablement sens, si ce n'est à vouloir perdre le spectateur dans le labyrinthe des passions dans lesquels les personnages se fourvoient eux même.

Tanaka continue d'utiliser ses éclairages parlants par leurs variations. Ici, il insère un filtre rouge puis un halo blanc pour concrétiser le basculement de Nami dans la folie.

En somme, à la fin du film, je ne sais torp que penser. Mes sentiments sont confus. Mon parcours du film a souffert d'un manque de compréhension, je suppose. Le film ne m'a pas trop parlé. Manque d'évidence.
Alligator
6
Écrit par

Créée

le 23 mars 2013

Critique lue 344 fois

Alligator

Écrit par

Critique lue 344 fois

D'autres avis sur Angel Guts: Nami

Angel Guts: Nami
TeryA
6

Nami et Muraki volume 3

Un cran en dessous du volume 2, ce film présente toutefois de grandes qualités notamment techniques. Noboru Tanaka qui a fait quelques œuvres majeures maîtrise l’éclairage, la couleur, l’image, les...

le 21 juin 2021

Angel Guts: Nami
Alligator
6

Critique de Angel Guts: Nami par Alligator

Sept 2009: Un peu déçu par ce Tanaka qui ne m'a pas du tout interpellé. J'ai trouvé sa réalisation très sage et beaucoup moins riche qu'à l'habitude. Sans doute faut-il voir dans mon froid regard le...

le 23 mars 2013

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime