Une excellente surprise par l’intelligence de la forme et du fond. La présentation du monde des films pornographiques est fine : réalisateur regardant un autre « film », film sur tournage expéditif d’une œuvre « érotique », destruction de tous les êtres qui s’en approchent par traumatisme ou par quête de la révélation. L’histoire d’amour aurait pu avoir lieu mais c’était déjà trop tard. La dernière lueur de rédemption s’enfuit par la volonté du « diable» et les amoureux n’ont plus qu’à prolonger leur déchéance, par un sexe destructeur ou par un ennui accablant. La dimension tragique des destins auxquels les personnages ne peuvent échapper est rendue avec humanité.
Chûsei Sone est un réalisateur connu en France mais il a réalisé 41 films. Il reste beaucoup à découvrir. Ce film est une œuvre de maturité où les techniques sont maîtrisées : position de la caméra, décors, lumière, montage, qualité des plans, et les effets cinématographiques restent intéressants sans être pesants. Seul le rythme est assez lent avec une baisse momentanée d’intensité à la rupture du film. Coscénariste avec Takashi Ishii, il aura maîtrisé l’ensemble du film . Yûki Mizuhara qui n’a eu que 2 à 3 rôles principaux dans sa carrière incarne efficacement une Nami, fragile et assumant sa déchéance.